Eglises d'Asie

L’UNESCO a récompensé un écrivain indonésien dissident

Publié le 18/03/2010




Un écrivain indonésien, Pramoedya Ananta Toer, déjà récompensé en 1995 par le prix Magsaysay, vient d’être désigné par l’UNESCO, comme lauréat du prix Madanjeet Singh 1996, le prix de la Tolérance, en compagnie de deux autres personnalités. Les co-lauréats sont, avec Toer, l’écrivain cubain Senel Paz et le Russe Abdusalam A. Gusseinov, directeur du département d’éthique de l’université d’Etat Lemonsov, de Moscou.

Ce choix, annoncé le 12 octobre par Federico Mayor, a été fait par un jury de quatre personnes ayant à sa tête l’évêque anglican Desmond Tutu, d’Afrique du Sud. D’après le comité de l’UNESCO, ce prix de 40 000 US$ veut récompenser les meilleures activités scientifiques, artistiques, culturelles ou médiatiques.

Toer, qui a appris la nouvelle dans les bureaux de l’UNESCO à Jakarta, le 11 novembre, a exprimé sa gratitude envers cet organisme qui sait justement apprécier les efforts faits en faveur de la tolérance et de la non-violence. “Mais, a-t-il confié, je n’irai pas recevoir mon prix parce que, même si le gouvernement me l’autorisait, je crains bien ne plus pouvoir rentrer dans mon pays“. Déjà lauréat en 1995 du Prix Ramon Magsaysay qui récompense le journalisme, la littérature et l’art de la communication, il avait refusé, pour la même rason, de solliciter l’autorisation du gouvernement de se rendre à Manille recevoir son prix.

Ce sont en effet les autorités actuelles qui avaient condamné l’écrivain à onze ans de travaux forcés, de 1969 à 1980, pour ses prétendus liens avec le parti communiste indonésien, lequel fut interdit pour avoir eu une certaine responsabilité dans le coup d’état avorté de 1965. Johanes Riberu, un catholique à l’autorité reconnue, voit dans cette reconnaissance du travail de Toer “quelque chose qui nous dit comment traiter notre peuple : avec justice et, objectivitéIl ajoute : “Nous devons faire la distinction entre une idéologie (celle du parti communiste hors la loi) à laquelle on prétend qu’il appartient et son travail où se reflètent les valeurs humanistes dont il se veut l’avocat

L’UNESCO avait fondé ce Prix en juin 1965 pour marquer l’Année de la Tolérance des Nations Unies et le cent-vingt-cinquième anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi.