Eglises d'Asie

Mindanao: 60 000 musulmans manifestent contre la majorité catholique du pays

Publié le 18/03/2010




Répondant à l’appel de Abhoud Syed Mansur Lingga, chef du groupe des enseignants musulmans, une foule évaluée à près de 60 000 personnes par les autorités militaires s’est rassemblée le mercredi 4 décembre 1996, à Sultan Kadarat, ville du sud des Philippines. Arrivés sur les lieux dès la veille, venant de diverses régions de l’île de Mindanao, les manifestants ont participé à un immense mouvement de protestation qui a occupé trois kiloimètres de la route nationale. Cette grande manifestation avait pour objectif de dénoncer l’esprit de discrimination dont la majorité chrétienne ferait preuve à l’égard des musulmans. Selon certains témoignages, des appels à la création d’un Etat islamique séparé ont aussi été lancés.

Les orateurs qui se sont adressés à la foule n’ont fait mention d’aucune des deux principales forces qui se disputent aujourd’hui les faveurs du monde islamique du sud des Philippines. Il n’a été question ni du Front Moro de libération nationale (FMLN) dont le leader Nur Misuari, aujourd’hui gouverneur de la région autonome du Mindanao, a signé un traité de paix avec le gouvernement des Philippines le 2 septembre dernier (13), ni de la principale faction dissidente, le Front Moro islamique de libération (FMIL) qui a refusé de se rallier à ces accords. Les discours prononcés ont laissé s’exprimer le ressentiment des musulmans contre les catholiques qui constituent la majorité de la population du pays. Un délégué de la province de Zamboanga à lu une résolution demandant la création d’un Etat islamique indépendant. Une autre résolution provenant de la province de Sulu à prédominance musulmane exigeait que la nation moro puisse jouir de l’autodétermination et décider elle-même de son destin. Les slogans inscrits sur les calicots déployés par la foule s’inspiraient des mêmes mots d’ordre: “Nous ne sommes pas des Philippins, mais nous appartenons à la nation moro”, “Oui à l’indépendance, non à l’autonomie”, “Le coran est notre constitution”

Tandis que se déroulait la manifestation, les hostilités qui opposent les forces gouvernementales aux forces armées du Front moro islamique de libération ont continué de faire rage dans la péninsule de Zamboanga, malgré le cessez-le-feu unilatéral décidé par le président Ramos, à l’approche des fêtes de Noël. Lundi 2 décembre, quatre militaires et deux guérilleros ont été tués. Le mercredi suivant, on déplorait la mort de deux civils, tués pendant une escarmouches mettant aux prises l’armée nationale et les rebelles dans la ville de Sirawai. Enfin, on apprenait récemment que les forces de police et de l’armée étaient à la recherche de quatre paysans catholiques kidnappés par les guérilleros musulmans, mardi 3 décembre, à Tungawan.

A l’issue de la manifestation du 4 décembre, son principal organisateur, Abhoud Syed Mansur Lingga a annoncé son intention d’appeler les musulmans à un nouveau rassemblement pour protester contre l’attitude du gouvernement à l’égard de l’islam.