Eglises d'Asie

New Delhi : plusieurs centaines d’évêques, de prêtres et de laïcs, catholiques et protestants, ont été détenus pendant quelques heures pour avoir manifesté en faveur des dalits chrétiens

Publié le 18/03/2010




La campagne des Eglises chrétiennes de l’Inde, pour faire pression sur le gouvernement fédéral et obtenir que les dalits chrétiens jouissent des mêmes avantages que les dalits des autres religions, a pris un nouveau tour à New Delhi, le 27 novembre. Cinq cents évêques, prêtres, religieux et responsables laïcs, protestants et catholiques ont en effet défié l’interdiction de la police pour manifester devant le parlement. Aux cris de « Justice » et « Continuons le combatils ont demandé que justice soit rendue aux dalits chrétiens qui revendiquent l’égalité des droits avec les autres dalits. Les manifestants ont été encerclés par les forces de sécurité qui les ont parqués pendant plusieurs heures dans des locaux de la police.

375 procès-verbaux furent dressés. Parmi eux, ceux de 200 prêtres et religieuses, de deux évêques catholiques, vice-présidents de la Conférence épiscopale de l’Inde, de l’évêque Pritam Santram de l’Eglise protestante du Nord de l’Inde, de l’évêque M. Azariah de l’Eglise protestante du Sud de l’Inde, et de deux membres chrétiens du Parlement. Les procés-verbaux terminés, la police a voulu libérer les protestataires mais a essuyé un refus. Les manifestants ont exigé de rencontrer le premier ministre H. D. Deve Gowda. Sous la conduite du Comité national de coordination en faveur des dalits chrétiens, ils ont commencé une grève de la faim dans les locaux de la police. Dans la cour, ils chantaient des cantiques et lançaient des slogans sous les yeux des policiers imperturbables.

Le premier ministre Gowda a fini par inviter une délégation de sept personnes à venir le rencontrer à son bureau où il leur a promis de réunir tous les partis politiques le 3 décembre pour discuter avec eux d’un projet de loi qui accorderait aux dalits chrétiens les mêmes avantages qu’aux autres dalits en termes d’emplois réservés et d’éducation. Ce projet de loi faisait partie en effet du programme d’action sociale élaboré au cours de la dernière campagne électorale par les partis qui forment aujourd’hui le gouvernement (10).

« Il s’agit d’un combat pour la justice sociale et nous ne cesserons pas tant que le parlement indien ne votera pas une loi maintenant les avantages de leur caste aux dalits devenus chrétiens » a déclaré Mgr. Arokiasamy, archevêque catholique de Madurai, qui faisait partie de la manifestation.

Le Père S. Lourduswamy, un des membres de la délégation et secrétaire de la commission épiscopale pour les dalits, confirme que le premier ministre les a assurés de son soutien, non sans ajouter : « Nous ne pouvons nous fier aux assurances des dirigeants politiques. Nous voulons des actions concrètesIl précise même que, du côté catholique, on craignait un recul du gouvernement Gowda, quoique la justice sociale soit, selon les déclarations de celui-ci, le principe de base de son action. Si ce qu’ils demandent en faveur des dalits ne leur est pas accordé, les responsables des Eglises se verront contraints de fermer toutes les institutions chrétiennes d’éducation et d’aide sociale.

Jose Chiramel, le secrétaire général de l’Union catholique panindienne signale que plusieurs groupes chrétiens sont prêts à lancer un mouvement d’ampleur nationale si la rencontre des politiques du 3 décembre n’aboutissait pas : « Nous nous battons pour les dalits depuis des années. Nous ne pouvons pas attendre plus longtempsIl précise toutefois que l’Eglise croit aux promesses de Gowda parce que les 13 partis de la coalition gouvernementale « ont toujours soutenu notre combat pour l’égalité et la justice socialeCependant, l’Eglise est préoccupée par la responsabilité du gouvernement Gowda dans le torpillage de la loi telle que l’avait prévue le parti du Congrés de l’ancien premier ministre P. V. Narasimha Rao.

Mgr. Alan de Lastic, archevêque de Delhi, s’inquiète lui aussi : « Nous avons le sentiment que le gouvernement retardera le vote de cette loi à cause de la campagne de désinformation qui sévit contre les dalitsIl fait remarquer que tous les gouvernements qui avaient promis d’amender la constitution en faveur des dalits chrétiens y avaient renoncé sous la pression politique.

Les dalits chrétiens représentent 60% des 25 millions de chrétiens indiens. On leur refuse la gratuité de l’éducation et les emplois dans la fonction publique dont jouissent pourtant les dalit hindous, sikhs ou bouddhistes, sous prétexte que, le christianisme rejetant le système des castes, les dalits qui deviennent chrétiens n’ont plus besoin d’être aidés. Les partis pro-hindous refusent que les avantages des dalits soient accordés aux dalits chrétiens. Mais d’après P. C. Thomas, un des parlementaires arrêtés, les partis pro-hindous ne pourront pas faire échouer le mouvement par un vote au parlement. Un dalit chrétien, Gabriel Lourdes, responsable pour le Tamil Nadu, constate que le mouvement a pris une ampleur nationale et dit sa confiance : « Nous gagnerons parce que toutes les Eglises sont derrière nous