Eglises d'Asie

Un juge libère un responsable syndical “illégalement détenu” avant le sommet de l’Apec

Publié le 18/03/2010




Un responsable syndical, Filemon Lagman, avait été arrêté peu avant le récent sommet de l’APEC (Coopération économique Asie-Pacifique) et détenu dans un camp militaire. Ancien commandant de la Brigade Alex Boncayao, groupe terroriste urbain, et affilié au Parti communiste philippin, il avait été accusé du meurtre d’Ibarra Gonzales, un policier de la ville de Marikina, en 1992. Lagman est aujourd’hui président du Buklurangma Manggagawang Pilipino, une coalition de quelques 200 syndicats ouvriers regroupant cent trente mille adhérents.

Le juge de première instance de la ville de Quezon, Noël Tijam, a expliqué, le 27 novembre, dans un document de 16 pages que la détention de Lagman était illégale parce que l’enquête criminelle menée par le ministère de la Justice était invalide et violait les droits du détenu. Pâle et très faible après une grève de la faim qui lui aurait perdre 20 kilos, ce dernier est sorti du camp militaire de Aguinaldo, accompagné de son frère. Il a déclaré que sa détention n’était qu’une tentative évidente du gouvernement d’empêcher toute protestation contre le quatrième sommet de l’APEC qui s’est tenu à Subic, à 85 km. au nord-ouest de Manille, du 22 au 26 novembre (12). Le gouvernement ayant déclaré que cette période serait fériée, sa libération n’avait donc pu se réaliser qu’à la fin de ce sommet.

Dans sa déclaration aux journalistes, Lagman a promis que son groupe continuerait sa campagne d’opposition à l’APEC et contrôlerait de très prés les effets négatifs du libre échange sur le territoire philippin.

Le 28 novembre, le bureau d’aide aux prisonniers politiques, formé par plusieurs groupes chrétiens protestants et catholiques proches de la gauche philippine, a salué la libération de Lagman. “Avec l’arrestation de Lagman les droits de l’homme ont été bafoués… La même chose doit être dite de la détention toujours maintenue de 179 autres dissidents politiques : c’est une tache sur le manteau des droits de l’homme dans lequel se drape le paysa déclaré Aurora Parong, la directrice du bureau. “Quoi qu’il en soit, précise le planificateur national du bureau d’aide aux prisonniers politiques, Sammy Gamboa, la libération de Lagman et celle espérée du chef communiste Danil Borjal seraient un bon point pour le gouvernement qui se prépare à des tractations de paix avec le secrétaire général du Parti communiste, Jose Maria SisonIl ajoute : “Quant au pauvre et très ordinaire prisonnier politique, lui, il ne sera pas libéréDeux rassemblements ont eu lieu le 29 novembre pour la libération de tous les prisonniers politiques. Parmi eux, depuis le 16 novembre, 117 ont entrepris une grève de la faim pour attirer l’attention sur la prolongation de leur détention. Le ministre de la Justice, Teofisto Guingona, a ordonné à l’adjoint du Procureur général, Silvestre Bello, de faire appel de cette décision du Juge Tijam en faveur de Lagman.