Eglises d'Asie

Calcutta : les chefs d’un village reconnaissent avoir décapité un catéchumène catholique qui ne voulait pas renoncer à sa foi

Publié le 18/03/2010




Un catéchumène catholique de la tribu Santal du village de Gobipallapur, à l’ouest de Calcutta, a été décapité le 25 octobre 1996 par le chef de la tribu et ses hommes, parce qu’il refusait d’abandonner sa foi chrétienne. Le martyr est un un homme de 55 ans, Sukulal Hansda, catéchumène depuis deux ans. Ses funérailles ont eu lieu le 1er décembre après les aveux d’un villageois qui a révélé l’emplacement du corps. La police a arrêté le chef du village, Sankar Hansda, le frère du catéchumène, Mathlal Handsda, et leurs deux complices.

A la suite des aveux de Sankar, la police a exhumé le corps mutilé, décapité tout prés du village. La tête a été retrouvée deux kilomètres plus loin. Cinq prêtres, beaucoup de religieuses et une centaine de chrétiens de la tribu ont participé aux funérailles. Le catéchumène, sa femme et son fils avaient opté pour la foi catholique en 1994. Le curé de l’époque, le Père Robert R. D’Souza, indique qu’ils avaient été harcelés par les chefs de la tribu à cause de leur conversion. Le fils de la victime, Sangram Hansda, le confirme dans un sanglot : “Mon père avait versé 3 000 roupies (environ 85$US) aux villageois et, fin août, ils ont recommencé à nous harceler. Ils nous ont demandé de ne plus aller à l’église et de vénérer les divinités de la tribu. Mon père a refusé

Mathlal, un prêtre de la tribu Santal, a ensuite accusé la future victime, son frère cadet Sukulal, de sorcellerie et l’a condamné à lui verser 500 roupies. Les chefs lui ont interdit d’aller à l’église. Après le refus du catéchumène de se soumettre, témoigne son fils, une réunion s’est tenue le 20 octobre, présidée par Sankar. Ils ne permirent pas au catéchumène de s’expliquer mais lui ordonnèrent de payer une amende et de vénérer les divinités. Pour l’obliger à obéir, les villageois postèrent un garde devant la maison et il fut interdit à la famille de sortir même pour des besoins naturels.

Pourtant, Sukulal parvint à s’échapper le 23 octobre et, avec l’aide de quelques autres catéchumènes, il alla informer la police. Les policiers arrivèrent au village le jour suivant et exigèrent que cessent ces brimades. La police partie, Sankar et les autres traînèrent le catéchumène hors de chez lui, et sa famille ne put savoir ce qu’il était advenu de lui. Le Père Francis Soren, qui travaille dans le secteur, témoigne que c’est cette absence prolongée qui a conduit les paroissiens à suspecter un meurtre et à informer la police.

Catholiques, baptistes et luthériens de la région ont alors envoyé une délégation à la police, le 6 novembre. Le Père Francis Soren dit que ce meurtre a bouleversé quelques vingt mille chrétiens appartenant à diverses tribus mais, en même temps, les a unis malgré leurs différentes confessions. Poresh Tudu, un catéchiste du secteur, dit quant à lui que les chrétiens ont peur, et que beaucoup ne sont pas venus à l’église le mois dernier.