Eglises d'Asie

Le cardinal Sin opposé au renouvellement du mandat présidentiel

Publié le 18/03/2010




Dans une déclaration faite à Manille, le 11 décembre, le cardinal Jaime Sin s’est prononcé contre le vote d’un amendement constitutionnel qui permettrait aux détenteurs de hautes fonctions et, plus particulièrement au président, de se présenter à nouveau devant les électeurs à l’issue de leur mandat. Ce changement de la constitution est en effet réclamé par un groupe appelé “Initiative du peuple pour la réforme, la modernisation et l’action”, qui a annoncé le 6 décembre dernier qu’il allait mener une campagne destinée à recueillir les 12 millions de signatures nécessaires à l’organisation du plébiscite devant approuver cet amendement. Le groupe voudrait que ce référendum ait lieu pendant les élections régionales du 12 mai prochain, ce qui permettrait au président Ramos, en cas de résultats positifs, de se présenter pour un nouveau mandat aux prochaines élections. Les partisans de la réforme lanceront la campagne officielle le 11 janvier. Pour recueillir les signatures nécessaires, des bureaux seront ouverts dans tout le pays du 27 janvier au 15 février 1997.

“Avons-nous oublié, a déclaré le cardinal, que la raison principale de la limitation de mandat prévue par la constitution est d’empêcher le président, ou les autres, de s’engager dans une politique destructive pour rester au pouvoir ?” Il a rappelé alors que l’absence de limitation de mandats dans une fonction avait abouti dans le passé à l’établissement de “seigneurs de la guerre”, et de dynasties locales qui ont terrorisé le peuple et détruit localement la démocratie. Selon le cardinal, les auteurs de l’actuelle constitution y ont introduit la clause de la limitation des mandats pour empêcher que se renouvellent les 21 tragiques années connues par les Philippines sous le régime du président Marcos. S’adressant au président en fonction, le cardinal l’a exhorté à résister aux pressions exercées sur lui.

Corazon Aquino, le premier président à appliquer l’actuelle constitution s’est aussi opposée à l’amendement qui permettrait le renouvellement du mandat présidentiel. Elle s’est dite persuadée que le président Ramos abandonnerait ses fonctions en 1998. Elle avait déjà affirmé au début de l’année qu’elle ferait tout pour s’opposer au retour de la dictature.

De leur côté, les partisans de l’amendement constitutionnel ont justifié leur initiative par la personnalité exceptionnelle du président Ramos, qualifié du titre de “meilleur président que les Philippines aient jamais euIls ont cité à son actif le récent sommet de la Coopération Asie-Pacifique. De récents sondages effectués auprès de la population par un institut privé donnent le vice président actuel, Joseph Estrada, élu en tête des prochaines élections, si le président Ramos ne se représente pas. Dans le cas où l’amendement proposé permettrait une nouvelle candidature de l’actuel président, c’est lui qui gagnerait les élections.