Eglises d'Asie

Le pape regrette l’absence d’un certain nombre d’évêques vietnamiens à Rome

Publié le 18/03/2010




A l’issue d’une messe célébrée, le 14 décembre 1996, dans sa chapelle particulière, le pape Jean Paul II a distribué une allocution de bienvenue aux concélébrants, le cardinal-archevêque de Hanoi, les 13 évêques vietnamiens venus à Rome pour leur visite ad limina”, ainsi que Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân de la commission romaine “Justice et paix”. Le discours du pape commence par un passage mentionnant spécialement les évêques absents, plus d’une dizaine. Le souverain pontife salue avec une affection particulière les évêques du pays qui n’ont pu se joindre au groupe présent. Il insiste même en faisant remarquer que “la visite ad limina d’une conférence épiscopale au complet est non seulement une manifestation visible des liens spirituels qui unissent les Eglises particulières à l’Eglise universelle, c’est aussi un signe que la liberté religieuse est respectée dans un pays” (8). Au cours de son allocution qui a commencé par rappeler l’histoire héroïque et difficile des premiers temps de l’Eglise, le pape s’est déclaré sensible aux “difficultés qui proviennent des limitations imposées à ceux qui ont reçu du Christ la charge d’organiser l’apostolat des fidèles et à ceux qui veulent faire oeuvre d’apostolat”. Il a même désigné sans ambiguïté, au fil de son discours, certaines de ces difficultés. C’est ainsi qu’il a exprimé l’espoir que “seront rapidement créées les conditions qui … permettront (aux évêques) d’ouvrir les séminaires qui sont nécessairesMentionnant l’activité déployée par les religieux et religieuses dans divers secteurs d’assistance et leur insertion authentique au sein de la société, il s’est dit convaincu qu'”il serait constructif et apprécié de la population que des noviciats puissent être ouverts pour former ces humbles serviteurs du bien commun

Cependant, ces mentions des difficultés rencontrées, qui étaient en même temps des appels adressés au gouvernement vietnamien en faveur d’une plus grande ouverture, sont loin de constituer l’essentiel de l’adresse du pape à l’épiscopat vietnamien. L’Eglise, a-t-il dit, “n’agit pas en esprit de rivalité ou par recherche de son intérêt propre”. Il a en particulier insisté sur la nécessaire présence de l’Eglise à l’histoire du pays, sur l’enracinement des chrétiens au sein de leur peuple, sur leur participation au renouvellement et à la transformation des réalités humaines. “Il faut réaffirmer, a-t-il dit, que les catholiques sont des membres loyaux de la nation : aujourd’hui comme dans le passé, ils contribuent au progrès social du pays et ils montrent un attachement au bien commun qui n’est pas moindre que celui des autres citoyens

Le gouvernement vietnamien n’a pas tardé à relever l’allusion du pape à l’absence de certains évêques et les appels indirects qui lui étaient adressés. Le 19 décembre, le porte-parole des Affaires étrangères déclarait que 21 évêques avaient fait une demande de visa de sortie mais que seulement onze d’entre eux ne l’avaient pas obtenu. Le porte-parole n’a pas indiqué les raisons pour lesquelles ils ne l’avaient pas obtenu. Il s’est contenté d’ajouter que les demandes de visa des intéressés avaient été traités conformément aux lois et aux règlements du pays. L’actuel voyage des évêques aurait dû avoir lieu en 1995. A cette époque-là, le bureau des affaires religieuses avait fait savoir qu’il ne permettrait qu’à 10 membres de la Conférence épiscopale le déplacement à Rome. En fin de compte, le Saint-Siège avait proposé de remettre le voyage à l’année suivante. Cette année, les autorités vietnamiennes ont maintenu les mêmes limitations que l’année précédente et ont fait connaître elles-mêmes la listes des prélats vietnamiens autorisés à se rendre à Rome.