Eglises d'Asie

Le premier ministre japonais ne fera plus de visite au temple shintoïste de Yasukuni

Publié le 18/03/2010




Le ministre des Affaires étrangères, M. Ikeda, vient de déclarer au journal Mainichi que le premier ministre japonais ne ferait plus de visite, officielle ou privée, au temple shintoïste de Yasukuni, “pour sauvegarder nos bonnes relations avec la Chine, explique-t-il. Yasukuni est le temple shintoïste dédié aux morts de la guerre. Parmi eux se trouvent les cendres de certains criminels de guerre notoires. Au cours des années, ce temple est devenu le symbole du passé militaro-nationaliste du Japon que les gouvernements successifs ont eu bien du mal à mettre à distance.

La Chine et la Corée du Sud, qui n’oublient pas, avaient une fois de plus fortement réagi lors d’une des dernières visites officielles du premier ministre à Yasukuni, le 29 juillet 1996. D’autant plus fortement cette fois-çi, qu’il avait répondu aux journalistes qui lui faisaient remarquer l’ambiguïté de sa démarche : “Ceci ne regarde personneLe premier ministre, M. Hashimoto, était jusqu’en 1995 à la tête de la puissante organisation japonaise des “Familles des disparus de la guerre” qui représente pour un homme politique des millions de bulletins de vote.

Pour les voisins asiatiques du Japon, un autre sujet d’inquiétude réside dans le projet de construction à Tôkyô d’un musée national consacré à l’histoire de la seconde guerre mondiale, envisagée du seul point de vue japonais et ne se référant qu’aux seules souffrances subies par les familles et les soldats japonais. Cette perspective indispose au plus haut point ceux qui en Chine, en Corée et ailleurs ont connu les exactions de l’armée impériale et redoutent la renaissance du militarisme japonais.

Dans le même ordre d’idées, l’installation d’un phare en juillet dernier sur un minuscule îlot inhabité (Senkaku en japonais, Diaoyu en chinois) à l’extrémité des eaux territoriales du Japon, au nord de Taïwan, par un groupuscule de militaristes d’extrême-droite japonais, n’est pas sans inquiéter les Chinois qui revendiquent eux aussi la propriété de l’île. Des étudiants chinois se sont d’ailleurs empressés d’aller y planter les drapeaux de la Chine et de Taïwan. La renaissance du militarisme japonais fait d’autant plus peur à ses voisins que le Japon refuse toujours officiellement de reconnaître les exactions commises par l’ancienne armée impériale. Les livres d’histoire publiés par l’Education nationale à l’usage des écoliers gardent toujours le silence sur ce qui s’est réellement passé pendant la guerre.

Dans le “Times Litterary Supplement” du 25 octobre, Kenzaburo Oe, prix Nobel de littérature, écrit : “Si les néo-nationalistes parviennent à dominer les médias japonais, les politiciens conservateurs qui ont tranquillement attendu ce jour, comme les bureaucrates et les industriels, n’hésiteront plus à montrer leur vrai penchant nationaliste tant à l’intérieur qu’à l’extérieur