Eglises d'Asie – Divers Horizons
Asie du Sud-Est : multiplication des conflits sociaux et émergence de syndicats indépendants
Publié le 18/03/2010
populaire dans les milieux dirigeants de l’Asie du Sud-est, toutes tendances politiques confondues. Selon les termes employés par Joe Thurman, directeur général de l’Organisation internationale du travail à Bangkok, cette théorie “soutient que la conjonction de bas salaires et d’entraves au développement syndical permet à un pays un essor plus rapideLa rapide augmentation du pouvoir d’achat, l’afflux des investissements étrangers ou encore la mise en place de l’économie de marché ont rendu caduc ce type de principes et mis en relief la tendance actuelle vers l’émergence de syndicats indépendants. On peut découvrir des ressemblances fondamentales entre les diverses tensions sociales et syndicales connues aujourd’hui par les divers pays d’Asie.
En Corée du Sud, c’est au nom de la modernisation, pour aligner la Corée sur les normes de travail occidental, que le gouvernement voudrait imposer la nouvelle loi sur le travail. Mais le même gouvernement ne reconnaît qu’un syndicat, la fédération des syndicats coréens, revendiquant 1,2 millions d’adhérents, et refuse d’accorder une existence légale à la “Confédération coréenne des syndicats”, qui avec seulement 300 000 membres organise les grèves et l’agitation actuelle. Le chef de ce dernier syndicat est poursuivi par les autorités.
Paradoxalement en Inde, un conflit oppose aujourd’hui les syndicats non pas à l’Etat mais au libéralisme économique ainsi qu’à toutes les réformes visant à ouvrir le marché aux entreprises étrangères. En décembre 200 000 employés de compagnies d’assurance, se sont mis en grève contre la privatisation du secteur étatique, bientôt suivis d’une partie du personnel des banques. En Inde, c’est surtout le secteur industriel qui est syndiqué. Les syndicats y comptent environ 60 millions d’adhérents. Mais 300 millions d’employés, surtout dans l’agriculture, ne sont représentés par personne.
En Indonésie, c’est encore le régime du syndicat unique. La fédération des syndicats indonésiens est le bras syndical du parti au pouvoir du président Suharto et de l’armée. Les autres syndicats sont hors la loi. Muchtar Pakapahan, responsable du syndicat indonésien de la prospérité, fait l’objet de poursuites policières pour subversion. Le même sort est réservé aux militants du centre de lutte des travailleurs indonésiens, groupe qui a organisé des grèves à Jakarta et à Java, accompagnées d’importantes manifestations.
A Taiwan, plus de 10 manifestations ont été organisées en 1996 par le syndicat des télécommunications, l’une des 10 000 unions syndicales du pays, pour réclamer des améliorations des conditions de travail. Cependant le droit syndical y est encore limité par la loi. Le droit de grève n’a été accordé aux salariés qu’en 1990.
En Thaïlande où les conflits sociaux sont rares et généralement réglés par des négociations entre les divers représentants du monde du travail, du gouvernement et du secteur privé, il faut cependant signaler l’incendie volontaire de l’usine Sanyo, le 16 décembre, à la suite d’un conflit portant sur les primes de fin d’année. Aux Philippines, les troubles sociaux se sont aussi multipliés cette année dans de grands groupes, comme Philippines Airlines et le gouvernement a reconnu que ces grèves avaient affecté la production industrielle.