Eglises d'Asie – Inde
Bombay: controverse à propos d’un projet de loi tendant à interdire les conversions
Publié le 18/03/2010
Le projet de loi sur la liberté de religion considère la conversion « forcée » comme un délit, interdit aux fidèles de recevoir une gratification en espèce ou un bénéfice matériel de la part des Eglises auxquelles ils adhèrent. A cette fin, la réglementation proposée exige que tous ceux qui veulent changer de religion obtiennent auparavant l’approbation de l’inspecteur des impôts du district où ils résident. Par ailleurs, le projet de loi de l’Etat de Maharastra considère que les menaces de « punition divine » sont de nature coercitive et, par suite, punissables d’un an de prison ou plus.
Le projet a été élaboré et proposé par Mangal Prabhat Lodha, député, membre du parti pro-hindou, le BJP qui, selon lui, soutiendrait son initiative. Le député en justifie la nécessité en disant qu’il existe des lois similaires dans les autres Etats et qu’il est nécessaire d’uniformiser la réglementation. Il prétend aussi que le droit fondamental affirmé par la constitution en matière de religion est celui de pratiquer sa foi et non pas celui d’en parler aux autres. Les observateurs politiques pensent que le projet a peu de chance de passer, Cependant il pourrait bien déboucher sur une discussion à l’Assemblée législative, qui donnerait lieu à des confrontations désagréables risquant de porter tort à la coexistence pacifique des diverses religions.
Le cardinal Simon Pimenta, de Bombay, fait partie des opposants à cette nouvelle législation. Dans une lettre envoyée au premier ministre de l’Etat, il a exprimé les réticences des chrétiens à l’adoption d’une telle législation: « La communauté chrétienne s’inquiète, a-t-il écrit, à l’idée que l’on pourrait emprisonner les gens à cause des efforts accomplis par eux pour susciter des conversionsLa réglementation proposée s’oppose, selon lui, à la Constitution indienne qui donne la liberté à tous de pratiquer, de confesser ou de propager sa propre religion. Selon le cardinal, ce ne sont pas seulement les chrétiens, mais aussi les musulmans et les hindous qui propagent leur religion et font des conversions. De son côté, Mgr Paul Chittilapilly, évêque du diocèse syro-malabar de Kalyan, a fait valoir que l’Inde possède déjà assez de lois capables de protéger la population contre les conversions forcées. Il a affirmé par ailleurs que la constitution donne aux citoyens indiens le droit de suivre leurs convictions et de les exprimer devant les autres. Le projet de loi de l’Etat de Bahamas est en opposition avec ce droit constitutionnel.