Eglises d'Asie

La presse vietnamienne reparle de la crise de l’éducation nationale

Publié le 18/03/2010




La presse vietnamienne qui, pendant un certain temps, présentait un tableau moins pessimiste de l’éducation nationale au Vietnam, est de nouveau rempli de cris d’alarme à ce sujet. L’échec de l’actuel système scolaire est de nouveau partout stigmatisé. Un éditorial de “Tuöi Tre chu Nhât”, organe des jeunesses communistes (9) paru quelque temps avant Noël multiplie les constats pessimistes. Il affirme, en particulier, que dans certaines régions reculées du Vietnam, comme à Tâm Nông, dans la plaine des joncs, à Trân van Thoi dans la province de Minh Hai, à Hôn Dât dans la province de Kiêng Giang, 15 à 40 % de la population est analphabète. Pour l’ensemble du delta du Mékong, ce serait 39,17 % de la population enfantine en âge scolaire qui ne fréquenterait pas les écoles. Mais cette situation est loin d’être limitée aux campagnes. Le même journal affirme que Hô Chi Minh-Ville, la plus importante agglomération urbaine du pays pour ses activités économiques et culturelles, compte 200 000 personnes analphabètes, et 388 000 jeunes et adolescents n’ayant jamais achevé leurs études primaires. Même dans des communes comme Ly Nhon, dans le district de Can Gio au sud de Saigon, vantée pour son héroïsme pendant la période révolutionnaire, le niveau culturel loin de s’être élevé après la guerre, a régressé. Pour toute cette commune, il n’y a aujourd’hui qu’un seul étudiant à l’université.

Les causes de cette situation sont bien connues et la presse vietnamienne ne cesse de les citer (10). On parle en premier lieu de l’insuffisance des infrastructures matérielles. Beaucoup de bâtiments scolaires, en province mais aussi en ville, comme dans le 4ème et 8ème arrondissement de Hô Chi Minh-ville ou dans la proche banlieue, sont dans un état de délabrement indescriptible. Il y manque souvent des éléments indispensables, comme les terrains de gymnastique, les bibliothèques, les salles de travaux pratiques. L’éditorial de “Tuôi Tre Chu Nhât” affirme que dans l’ancienne capitale du Sud où, depuis quelques années, on a vu s’élever des immeubles, des banques, des hôtels somptueux, seul un nouvel établissement scolaire a été construit, l’école Nguyên Hiên, dans le 11ème arrondissement. Non seulement on ne songe pas à construire de nouveaux bâtiments scolaires, mais de plus certaines écoles sont amputées d’une partie de leur environnement pour un usage économique, comme l’école Lê Hông Phong dont une partie du terrain attenant a été transformée en parc de distraction. Pire encore, certains bâtiments scolaires sont menacés de disparaître pour faire place à des établissements à destination économique.

Une autre cause importante des défaillances de l’éducation nationale est à chercher du côté du corps enseignant. L’insuffisance des effectifs est notoire. Pour la présente année scolaire, selon le ministère de l’Education nationale, il manque 100 000 enseignants pour tout le pays. La seule ville de Hô Chi Minh-Ville souffre d’un déficit de 2 000 professeurs et instituteurs. Les traitements plus qu’insuffisants accordés au corps enseignant ont détourné les jeunes étudiants de cette profession, qui, de plus, perd tous les jours du prestige dont elle jouissait dans le Vietnam traditionnel et confucéen.