Eglises d'Asie

Des théologiens indiens regrettent la décision romaine d’excommunier Tissa Balasuriya

Publié le 18/03/2010




Des théologiens indiens ont exprimé leurs regrets que le Vatican ait jugé bon de notifier son excommunication au P. Tissa Balasuriya, théologien srilankais appartenant à la congrégation des Oblats de Marie immaculée (7).

Selon le P. Samuel Rayan, jésuite, “justice n’a pas été rendue” au P. Tissa Balasuriya par les évêques du Sri Lanka et par le Vatican. Les autorités ecclésiastiques, ajoute-t-il, ne lui ont pas donné suffisamment de chances d’expliquer sa position et n’ont pas pris au sérieux sa promesse de revenir sur ses affirmations si leur erreur était prouvée. Le P. Rayan observe que plusieurs théologiens ont, dans le passé, mis en question certains enseignements de l’Eglise dans le même domaine et n’ont pas été traités de manière aussi dure : “Pourquoi y a-t-il une telle différence de traitement ? Serait-ce parce qu’il vient d’un pays pauvre ?” Le théologien jésuite se demande aussi si cet épisode de l’excommunication de Tissa Balasuriya ne trahit pas l’existence d’un ordre du jour caché du Vatican pour le synode des Eglises d’Asie qui aura lieu en 1998.

Le P. Samuel Rayan se dit très inquiet de l’image de l’Eglise qui va être donnée en Asie à la suite de cet incident : “Où sont la douceur des enseignements du Christ et la beauté de la Bible dans cette affaire ?” Il estime aussi que “la peur ne sera pas le seul résultat visible parmi les théologiens asiatiquesIl est possible qu’il y ait des protestations, dit-il, et, chez certains, une réévaluation de la théologie en vigueur.

Pour le P. Arokiasamay, lui aussi théologien jésuite, “la procédure suivie pour condamner Tissa Balasuriya est inadéquateSelon lui, l’incident amène à poser trois questions différentes. La première concerne la procédure utilisée qui doit, selon lui, être révisée même si “la fonction critique et la recherche des théologiens doivent être exercées à l’intérieur d’un schéma de fidélité au magistèreLa deuxième question qui se pose est, selon lui, ecclésiologique : le cas de Tissa Balasuriya ne manifeste-t-il pas l’échec de la conférence épiscopale locale dans la gestion de ce genre de problème ? Ne peut-on pas, demande le P. Arokiasamy, mettre en question le fait que le magistère semble être de la seule responsabilité des congrégations romaines et du pape ? Enfin, le troisième problème est d’ordre juridique : le canon 1364, cité par les autorités romaines, doit-il être interprété comme punissant d’excommunication automatique toute déviation de l’enseignement fondamental de l’Eglise ? Finalement, le P. Arokiasamy estime que l’affaire de Tissa Balsuriya “ressemble à un avertissement lancé aux théologiens du tiers monde

Les théologiens indiens sont d’autant plus sensibles à l’affaire de Tissa Balasuriya que le Vatican a récemment mis en garde l’épiscopat indien contre certains d’entre eux (8).