Eglises d'Asie

La nomination par Rome d’un administrateur apostolique n’a pas calmé les conflits au sein de l’Eglise catholique de rite syro-malabar

Publié le 18/03/2010




Le choix du successeur du cardinal Anthony Padiyara, que le pape Jean-Paul II avait nommé, en 1992, “archevêque majeur” de l’Eglise catholique de rite syro-malabar et qui est atteint depuis un an par la limite d’âge, divise profondément la plus importante Eglise de rite oriental de l’Inde. Rome a donc choisi de nommer un administrateur apostolique, Mgr Varkey Vithayathil, qui a tous les pouvoirs d’un archevêque majeur et qui sera chargé de préparer le synode de l’Eglise syro-malabar et l’élection éventuelle du futur archevêque majeur. Il sera en même temps administrateur apostolique de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly.

Le conflit qui divise l’Eglise catholique de rite syro-malabar s’est cristallisé en partie autour de la liturgie. Un certain nombre de membres de l’Eglise voudraient restaurer “l’héritage oriental” de l’Eglise et revenir au rite chaldéen traditionnel. Une autre faction est plutôt favorable à une modernisation de la liturgie. Quand, en 1992, le Vatican a fait de l’Eglise catholique syro-malabar, une Eglise “sui juris” ou autonome, dirigée par un archevêque majeur, il a jugé bon de se réserver pour lui-même le pouvoir de décision dans le domaine liturgique, comme dans la nomination et le transfert des évêques (6).

Appartenant à la congrégation des rédemptoristes, Mgr Varkey Vithayathil est étranger aux disputes qui déchirent cette Eglise depuis de longues années, mais sa nomination n’en a pas moins déclenché des réactions vigoureusement opposées au sein de l’Eglise. Une faction a dénoncé “l’attitude coloniale” du Vatican, et une autre a loué “l’inspiration divine” de l’initiative romaine. Mgr Joseph Powathil, archevêque de Changanacherry, considéré comme le chef de file des traditionalistes, a approuvé la nomination de Mgr Varkey Vithayathil et exprimé l’espoir que le nouvel administrateur trouverait des solutions justes aux disputes qui déchirent l’Eglise. De son côté, le nouvel administrateur apostolique, intronisé le 18 janvier 1997, a déclaré que son souci principal serait de construire l’unité parmi les évêques et dans l’Eglise.

En même temps qu’à la nomination de Mgr Varkey Vithayathil, Rome a procédé à plusieurs transferts d’évêques et à la création d’un nouveau diocèse. Trois nouveaux évêques ont aussi été ordonnés. Les partisans de la “modernisation” ont aussitôt crié à la manipulation. Ils estiment en effet que ces initiatives sont destinées à donner une majorité artificielle dans le futur synode aux “traditionalistes”, préparant ainsi l’élection de Mgr Joseph Powathil comme archevêque majeur.