Eglises d'Asie

Le cardinal Kim demande à tous les protagonistes du conflit social de janvier d’ouvrir des négociations et d’accepter des compromis

Publié le 18/03/2010




Les grèves qui ont marqué les premières semaines de l’année 1997 ont cessé, mais le conflit social qui les a provoquées demeure et pourrait provoquer des manifestations de rue importantes dans les semaines à venir. Comme souvent depuis vingt ans à l’occasion des crises nationales, l’Eglise catholique s’est trouvée engagée dans ces événements à plusieurs titres.

D’abord, la cathédrale catholique de Myongdong, à Séoul, haut lieu de la résistance contre la dictature et du mouvement démocratique dans les années 80, a été choisie par les dirigeants syndicaux comme quartier général pendant les grèves. Ils espéraient par là médiatiser davantage leur mouvement en le plaçant dans la ligne des grands combats pour la démocratie des années 80. Ils espéraient aussi, à juste titre, se mettre ainsi à l’abri des forces de police qui répugnent traditionnellement à donner l’assaut dans un lieu sacré.

Ensuite, un groupe de prêtres catholiques, l’Association des prêtres pour la justice, a pris vigoureusement position en faveur des grévistes, estimant que les onze lois passées à la sauvette en sept minutes au cours d’une session du parlement à laquelle l’opposition n’avait pas été invitée, le 26 décembre 1996, étaient contraires à l’esprit de la démocratie et aux intérêts des travailleurs. Le 13 janvier, après avoir organisé une réunion de prières à la cathédrale qui a rassemblé 2 000 personnes, l’Association des prêtres pour la justice a distribué des autocollants avec le message suivant : « Nous n’aimons pas un gouvernement civil dictatorialLeur porte-parole, le P. Paul Moon Kyu-hyon, a déclaré que l’Association ferait campagne pour empêcher la réélection du président Kim Young Sam en décembre prochain : « Il espère se faire réélire en se soumettant aux pouvoirs conservateurs comme les grands entrepreneurs, mais il ignore les droits fondamentaux du peuple ordinaire« . L’association a aussi publié une déclaration signée par 862 prêtres (sur les 2 390 que compte le pays), affirmant que la grève des travailleurs était leur dernière chance de pouvoir défendre leurs droits et qu’elle était donc dans l’esprit de l’Evangile et des enseignements de l’Eglise.

Enfin, le cardinal Stéphane Kim, archevêque de Séoul, peut-être l’autorité morale la plus respectée du pays, a demandé au gouvernement, à l’opposition et aux syndicats d’accepter de faire des compromis pour donner une chance au dialogue. Après avoir rencontré le président en privé le 17 janvier, le cardinal Kim a estimé que le gouvernement avait fait « une concession importante » en acceptant de rencontrer l’opposition et de ne pas arrêter les syndicalistes. Il avait auparavant critiqué « l’étroitesse d’esprit » du même gouvernement.

Les dirigeants des Eglises protestantes du pays se sont associés à la demande du cardinal Kim, le 18 janvier, et ont demandé à leur tour que le conflit se règle par le dialogue et non par la force.