Eglises d'Asie

Etudiants protestants et jeunes catholiques critiquent l’attitude du gouvernement lors des récentes émeutes

Publié le 18/03/2010




A l’issue d’une réunion plénière qui s’est tenue à Ciloto, au sud de Jakarta, les dirigeants du mouvement des étudiants chrétiens d’Indonésie, une organisation protestante, ont publié un communiqué qui critique la lenteur des réactions du gouvernement lors des récentes émeutes, qualifiées de “sectaires et raciales”. Selon les étudiants, les témoignages des personnes présentes et les rapports des médias montrent que les forces de l’ordre ne se sont jamais déployées immédiatement après le début des troubles. A Situbundo, comme à Tasikmalaya ou à Rengasdenklok (8), lorsque les forces de sécurité ont commencé à intervenir, plusieurs heures s’étaient déjà écoulées depuis le début de l’émeute, le nombre des émeutiers était déjà considérable et beaucoup d’églises avaient déjà été incendiées. Le communiqué s’adressant au gouvernement sur un ton sévère lui demande de rendre compte de ce retard afin de rétablir la confiance de la population dans sa capacité à maintenir l’ordre, la justice, la liberté, la paix et le bien-être. Les étudiants chrétiens ont aussi prié les autorités d’enquêter sur tous les incidents et de prendre des mesures sévères contre les instigateurs des troubles.

Dans leur communiqué, les militants étudiants n’ont pas caché le trouble et le doute qui habitent aujourd’hui l’esprit de beaucoup de personnes appartenant aux diverses minorités religieuses. Elles éprouvent une certaine difficulté à continuer à croire à l’idéal national d’unité dans la diversité, idéal proposé à la population depuis le début de la république. Pourtant les étudiants déclarent vouloir s’y tenir et refusent l’idée d’une loi sur la tolérance qui avait été proposée par le ministre des cultes, Tarmizi Taher, au mois d’octobre 1996. Selon eux, l’idéologie du Pancasila réglant la coexistence harmonieuse des cinq principales religions, la constitution et les directives générales de l’Etat offrent un fondement solide pour l’établissement d’une société pluraliste en Indonésie. Cette même position avait été soutenue par le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Jakarta, lors de sa conférence de presse du 1er février 1997.

Au moment où paraissait le communiqué des étudiants protestants, 250 jeunes catholiques se rassemblaient devant la maison des représentants de la province de Nusa Tengarra Timur, à Kupang, pour protester contre les émeutes anti-chrétiennes de Java. Ils ont remis un communiqué au porte-parole de la chambre des représentants et chargé des avocats d’exprimer leur mécontentement au gouvernement central de Jakarta. Leur communiqué soulignait l’arrogance avec laquelle le groupe religieux majoritaire viole les principes du Pancasila et de la constitution.