Eglises d'Asie

Les entreprises étrangères n’observent pas les lois du travail en vigueur au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Un responsable du syndicat unique des travailleurs vietnamiens, M. Tu Lê, vient de fustiger publiquement les investisseurs étrangers qui profitent de l’actuelle politique d’ouverture du gouvernement pour acquérir rapidement des bénéfices considérables au détriment des ouvriers vietnamiens, exploités et maltraités. Si les entreprises coréennes sont les premières visées, les patrons de Taïwan et de Hongkong ne sont pas, non plus, épargnés. Selon les déclarations du responsable syndical, il n’y a pas si longtemps, tout le monde souhaitait trouver un emploi dans une entreprise étrangère. Aujourd’hui beaucoup d’ouvriers seraient écoeurés et indignés par les conditions actuelles de travail dans ce type d’établissements et certains seraient même revenus travailler dans le secteur d’Etat où les ouvriers reçoivent souvent des salaires équivalents et sont mieux traités.

Au nom de son syndicat, M. Lê Tu a énuméré les doléances des ouvriers vietnamiens travaillant dans des entreprises étrangères. Beaucoup d’entre elles ne respectent pas les lois du travail en vigueur au Vietnam. 10 à 15 % des chefs d’entreprise ne versent aucune contribution financière pour la sécurité sociale des ouvriers, alors que ce versement est obligatoire. 10 à 20 % des usines ou ateliers à capitaux étrangers ou mixtes ne possèdent aucune section syndicale. Beaucoup des entrepreneurs venus d’ailleurs refusent de comprendre que le salaire minimum est de 45 dollars pour les entreprises établies à Hô Chi Minh-Ville et un peu moins en province. Des réductions de salaire sanctionneraient les ouvriers commettant des manquements insignifiants, consistant à bavarder pendant le travail, ou encore, à ne pas saluer le patron au début de la journée. Par ailleurs, les salaires sont souvent versés aux ouvriers avec beaucoup de retard et il arrive que les quatre jours de congés mensuels obligatoires soient sacrifiés au profit de la production dont les quota sont fixés trop haut.

La situation décrite par le responsable syndicat a déjà donné lieu à un certain nombre de conflits du travail et de grèves, pour la plupart encouragées et déclarées légitimes par les autorités et la presse officielle. L’organe des syndicats, le journal Lao Dông a rapporté, le 15 janvier dernier, que le nombre des grèves avait augmenté d’une manière sensible au Vietnam en 1996. Au total 73 grèves ont été recensées en 1996 – dont certaines suivies pendant plusieurs jours par des milliers d’employés-, soit une hausse de 22% par rapport à l’année précédente (15). Pendant la seule première semaine de l’année 1997, cinq arrêts de travail ont eu lieu dans des compagnies privées saigonaises. Ces grèves se sont produites essentiellement dans le secteur non-étatique, surtout dans les entreprises à capitaux étrangers implantées dans les grandes villes. Le premier code du travail de la République socialiste du Vietnam, promulgué par l’Assemblée nationale le 23 juin 1994 a légalisé pour la première fois un droit de grève limité. Deux ans plus tard, en septembre 96, le gouvernement a limité encore davantage ce droit dans une directive interdisant les arrêts de travail dans un grand nombre de “secteurs-clés” de l’économie nationale, de la défense et de la sécurité.

La représentation coréenne à Saigon a affirmé prendre des mesures pour améliorer la situation des ouvriers dans les entreprises coréennes au Vietnam. Le code du travail vietnamien a été traduit en coréen. Le consulat coréen a ausi encouragé les entrepreneurs coréens à ouvrir des classes de coréen pour leurs employés vietnamiens.