On constate une volonté d’immobilisme, bien plus grande encore, dans l’affaire du diocèse de Hô Chi Minh-Ville, confié depuis août 1993 à la charge d’un administrateur apostolique Monseigneur Huynh Van Nghi, évêque de Phan Thiêt, nomination obstinément refusée par le Comité populaire de Hô chi Minh-Ville. Au mois de mars 1996, un document émanant du gouvernement et adressé aux prêtres et fidèles catholiques, précisait même que le refus du Vietnam était définitif et ne serait plus mis en question (12). Lors des récents entretiens à Hanoi, le chef de la délégation romaine, dans le but de débloquer la situation, avait fait part aux fonctionnaires des Affaires religieuses, de la décision romaine de nommer un nouvel archevêque à Hô Chi Minh-Ville et avait proposé un nom autre que celui de l’actuel administrateur. Divers informateurs avaient rapporté à l’époque que la partie vietnamienne avait promis d’étudier cette proposition et de donner une réponse rapide, réponse que le Saint-Siège n’a pas encore reçue. Des sources vietnamiennes laissent entendre que les autorités locales trouveraient trop peu de souplesse dans l’attitude que le candidat du Saint-Siège a jusqu’ici adoptée à leur égard.
On peut se demander la raison de ce bras de fer sans fin, imposé par Hanoi à la diplomatie du Saint-Siège généralement souple et peu encline à ce type de face à face. Certains anciens analystes de la stratégie militaire du parti communiste vietnamien veulent y voir l’illustration d’un principe bien souvent mis en application par lui durant la guerre et lors des négociations d’armistice ou de paix avec ses divers adversaires. Il a été récemment énoncé ainsi: « En prolongeant la lutte, on gagne la bataille » (13). Mais on ne voit pas bien quel type de guerre veut livrer le bureau des Affaires religieuses et l’efficacité d’un tel principe face à un adversaire qui prend ses décisions dans la perspective de la vie éternelle. D’autres observateurs se demandent s’il ne faudrait pas voir là un début d’alignement de la politique religieuse du Vietnam sur celle de la Chine. Depuis le début de l’affaire de l’administrateur apostolique de Hô Chi Minh-Ville, affaire qui dure depuis bientôt quatre ans, on a pu remarquer l’insistance des autorités, s’exprimant sur ce sujet, à rappeler le principe de souveraineté nationale « Chu Quyên Quôc Gia« . Ce soupçon s’est renforcé récemment lorsque l’on a eu connaissance d’un voyage d’études effectué en Chine par un certain nombre de fonctionnaires des Affaires religieuses vietnamiens qui ont observé là-bas la manière de faire de leurs collègues chinois.
Cet immobilisme s’accompagne depuis quelque temps du retour d’un contrôle tatillon sur le personnel ecclésiastique et sur les activités d’Eglise. Ce phénomène est plus particulièrement sensible depuis le huitième congrès du mois de juillet. A son retour de Rome, le 18 décembre 1996, le Cardinal Pham Dinh Tung a été l’objet d’une fouille serrée et ses bagages ont été passés au peigne fin, malgré son passeport diplomatique. Au sud, l’édification du centre de pèlerinage de Bai dâu dans le diocèse de Xuân Lôc se heurte à tant d’obstacle administratif que les travaux aujourd’hui sont pratiquement interrompus.