Eglises d'Asie

Violentes réactions du gouvernement vietnamien à des critiques étrangères portant sur les droits de l’homme et la liberté religieuse

Publié le 18/03/2010




Durant les premiers jours du mois de février et dans le cadre de la lutte contre “l’évolution pacifique” , le gouvernement vietnamien a violemment rejeté un certain nombre d’accusations internationales portant sur les violations des droits de l’homme et de la liberté religieuse. Les réactions ont été particulièrement véhémentes, après la publication du rapport annuel du département d’Etat américain sur l’état des droits de l’homme dans 193 pays, le 30 janvier 1997. Celui-ci faisait état de “strictes limites imposées par le gouvernement vietnamien aux libertés politiques et religieusesL’organe du Parti communiste, le Nhân Dân a répliqué, le 5 février 1997, en accusant le rapport d’avoir cyniquement déformé la réalité au Vietnam et en traitant les Etats-Unis de “plus grand violeur des droits de l’homme dans le mondeLe journal a énuméré ensuite les diverses violations commises par ce pays, parmi lesquelles les 70 guerres déclenchées par les Etats-Unis, l’embargo contre Cuba et d’autres pays, la non-ratification d’un certain nombre de conventions internationales sur les droits de l’homme.

Le même journal s’en était pris quelques jours plus tôt, le 31 janvier 1997, aux émissions en langue vietnamienne sur le point d’être diffusées par “Radio Free Asia”. Il les avait présentées comme une nouvelle étape dans la stratégie de l’évolution pacifique, mise en oeuvre par les Etats-Unis contre le Vietnam. Cette station de radio ne serait qu’un instrument d’invasion culturelle et idéologique, destiné à intervenir dans les affaires intérieures des pays d’Asie.

La veille, l’organe du Parti communiste s’était attaqué à deux radios étrangères dont certaines émissions en langue vietnamiennes sont captées dans le pays. Ces deux radios “Voice of America” (VOA) et “British Broadcasting Corporation” (BBC) auraient diffusé des commentaires diffamatoires à propos du lancement d’un plan de mobilisation de la population à des travaux d’infrastructures. Les commentateurs auraient parlé à ce propos de travaux forcés. Selon le rédacteur du Nhân Dân, il s’agit là d’une politique approuvée à la dernière session de l’Assemblée nationale. Elle oblige chaque citoyen en âge de travailler de participer à des travaux publics, un certain nombre de jours par ans. Le journal concluait en affirmant, qu’avec de telles allégations, les radios étrangères essayaient de provoquer le peuple vietnamien et de porter atteinte à l’unité nationale.

Selon une dépêche de l’AFP du 11 février, le premier ministre, M. Vo Van Kiêt vient de confirmer indirectement les déclarations des deux radios étrangères incriminées par le Nhân Dân. Dans une interview donnée à l’Agence vietnamienne d’information, il a laissé, en effet, entendre que la mobilisation aurait un caractère obligatoire: “Chaque habitant devrait participer à la construction du pays, à la construction des infrastructures nécessaires à l’industrialisation. Le réservoir de main d’oeuvre reste énormea expliqué M. Kiêt. Il a aussi ajouté que “L’Etat promulguera un décret-loi pour assurer l’égalité” entre les participants aux programmes de construction. Le premier ministre a ensuite dressé la liste des travaux à réaliser d’urgence, à savoir “le réseau de communication comme les routes nationales, provinciales et intercommunales, les ouvrages hydrauliques et de transport, les écoles, les infirmeries”. Les investisseurs étrangers se sont jusqu’à présent, détournés de ces grands travaux d’infrastructure, préférant placer leurs capitaux dans des entreprises plus rapidement rentables.

Cette mobilisation de la population pour des travaux d’intérêt général représente en fait un retour à une étape précédente du socialisme vietnamien. Ces travaux avaient été en honneur au Sud Vietnam au lendemain de la libération. Ils s’appelaient alors travaux socialistes et étaient surtout consacrés à l’amélioration du système d’irrigation des campagnes et à la mise en place des régions d’économie nouvelle. Ils ont été généralement d’une très grande inefficacité.