Eglises d'Asie

Controverse entre le cardinal Sin et le président Ramos sur le libéralisme économique

Publié le 18/03/2010




Un débat public improvisé sur l’actuelle politique économique du gouvernement vient d’opposer le Cardinal Jaimes Sin archevêque de Manille et le président Fidel Ramos. alors que les deux participaient, le 25 février 1997, à la célébration du onzième anniversaire du renversement du gouvernement de Ferdinand Marcos, renversement qu’à l’époque, tous les deux ont favorisé de toutes leurs forces. Prenant la parole devant la foule rassemblée à cette occasion, chacun à leur tour, ils ont soutenu des points de vue diamétralement opposés sur le libéralisme économique actuellement en honneur dans le pays.

L’intervention du cardinal qui n’a pas une seule fois cité le nom du président Ramos a pourtant été comprise par tous comme une attaque directe de la politique gouvernementale actuelle qui favorise la libéralisation économique, la privatisation des entreprises et des compagnies nationales, l’ouverture de l’économie aux investissements étrangers et à la concurrence. “Une activité économique débridée, sans direction et sans limitation n’est rien d’autre, a-t-il déclaré, que la tyrannie de l’économieIl s’est aussi élevé contre les arguments employés par le président soutenant que la politique protectionniste du passé avait freiné la croissance économique. Pour lui, les Philippins ont le droit légitime de protéger l’industrie locale et de s’assurer une habitation à l’intérieur de leur propre pays. Le gouvernement ne devrait pas se borner à favoriser le bon fonctionnement du commerce mondial, mais il doit surtout protéger les entreprises des Philippines contre l’injustice de la concurrence et des pratiques commerciales de l’étranger. Le cardinal s’est même avancé sur un terrain encore plus concret en blâmant le président d’avoir critiqué une décision de la Cour suprême qui avait donné raison à une entreprise nationale en litige avec une compagnie étrangère.

Les témoins ont rapporté que le président Ramos a fait une grise mine en écoutant les propos du cardinal. Il n’a cependant fait aucune allusion au premier personnage de l’Eglise des Philippines dans le discours qu’il a tenu quelques minutes plus tard, pourtant visiblement destiné à lui répondre. Il a dit en particulier que “les droits acquis, les structures dynastiques, l’esprit de clocher étaient encore assez puissants pour limiter les forces du peuple philippinIl s’est vanté d’avoir mis un terme aux monopoles en privatisant des secteurs clés et s’est montré satisfait de voir le gouvernement se dépouiller de ses propres affaires au profit de grandes compagnies étrangères.

Précédemment, dans une lettre pastorale rédigée à l’occasion du sommet des pays d’Asie-Pacifique au mois de novembre 1996, le cardinal Sin avait déjà manifesté son scepticisme à l’égard du système économique adopté par la majorité des pays de la région et avait demandé aux pays membres du sommet Asie-Pacifique de réfléchir aux conséquences de la mondialisation de l’économie (5).