Eglises d'Asie

Un article de la presse officielle propose de ne pas oublier les édifices religieux dans les projets d’urbanisation de la périphérie de Hô Chi Minh-Ville

Publié le 18/03/2010




Dans un article publié récemment dans la presse officielle, le professeur Nguyên Dinh Dâu s’interroge sur l’urbanisation actuelle du Vietnam et propose un certain nombre de moyens pour lutter contre l’esprit individualiste qu’elle engendre et l’anonymat dans lequel viennent se perdre les anciens villageois venus chercher leur subsistance en ville. Selon l’auteur, un certain nombre d’institutions bien connues sont susceptibles de faire revivre dans les villes la tradition communautaire qui était autrefois l’apanage de l’ancienne commune vietnamienne. Parmi celles-ci, l’auteur cite les communautés de croyants et les diverses structures dans lesquelles elles s’enracinent et se manifestent. Au moment où de nouvelles constructions sont en train de refaçonner l’apparence de la périphérie de Hô Chi Minh-Ville, le professeur demande que dans les projets de nouveaux quartiers, on n’oublie pas de prévoir un certain nombre de lieux où puissent se dérouler les activités religieuses. Ces lieux seront susceptibles de contribuer à ce que l’environnement humain conserve les marques de sentiments religieux caractéristiques du peuple vietnamien. Cette proposition est d’autant plus remarquable qu’elle a paru dans l’organe des jeunesses communistes “Tuôi Tre” (9). Il est vrai que son auteur est un catholique bien connu, ancien conseiller laïc de l’archevêque de Saïgon, Mgr Nguyên Van Binh.

Cette suggestion rentre dans le cadre d’une réflexion menée un peu partout sur les multiples problèmes posés par la croissance rapide des agglomérations urbaines du Vietnam que de leur population. L’urbanisation du Vietnam qui était déjà forte avant 1975 (21,5 %) avait rapidement régressé dans les années suivantes par volonté politique des nouvelles autorités révolutionnaires qui avaient alors pratiqué une politique d’envois forcés dans les zones d’économie nouvelle. En 1985, le taux d’urbanisation était même descendu en deça des 19 %. Il a commencé à se relever aux alentours de 1989 à l’époque où était lancée la politique de rénovation caractérisée par l’introduction de l’économie de marché. Les investisseurs étrangers désireux d’implanter au Vietnam leurs entreprises, ont, la plupart du temps, choisi pour cela les villes, seules équipés des infrastructures nécessaires. Tout récemment aucun investisseur étranger n’a accepté d’implanter une raffinerie de pétrole au Centre-Vietnam, hors des zones urbaines, et l’Etat vietnamien a été obligé de financer lui-même le projet.

Attirés par les perspectives d’emploi que laissent espérer les multiples créations d’entreprises étrangères ou mixtes annoncées par la presse, la population des campagnes, surtout, du centre, se précipite aujourd’hui vers les villes. D’autant plus que le sous-emploi dans les campagnes est assez important et se situe autour de 27/28 % selon les statistiques officielles (10). Le taux d’urbanisation, aujourd’hui, a de nouveau dépassé les 21 %, comme au temps de la guerre. Hanoi abrite 3,5 millions d’habitants et Hô Chi Minh-Ville approche des 5 millions d’habitants et les a même dépassé de beaucoup si l’on compte les millions d’illégaux qui y séjournent, sans permis de résidence.