Eglises d'Asie

Amnesty international s’inquiète du grand nombre de personnes condamnées à mort

Publié le 18/03/2010




Dans un document publié au mois de janvier dernier au sujet de la peine de mort dans l’Asie du sud-est, Amnesty international a exprimé sa vive inquiétude concernant le trop fréquent recours à la peine capitale, au Vietnam, durant ces dernières années. Le rapport reprend le chiffre de condamnations à morts, publié par le journal Dai Doan Kêt au mois de novembre 1996 (14). A cette époque, pour les neuf premiers mois de l’année, le nombre de peines de morts prononcées par les tribunaux populaires s’élevait à 81. On connaît aujourd’hui le nombre de peines capitales pour l’ensemble de l’année 1997. Il est contenu dans un ensemble de statistiques officielles publié par un journal de la police. 113 personnes ont été condamnées à mort au cours de l’année, un chiffre qui est en progression de 9 par rapport à l’an dernier. Cent de ces condamnations étaient destinées à punir des meurtriers. Trois sentences de mort avaient été prononcées pour viol. Les autres condamnations concernaient des délits de trafic de drogue (quatre), de corruption (deux), de détournement de biens publics, de vol ou d’escroquerie.

Il semble que les tribunaux ne se soient pas départis de leur sévérité au cours des premiers mois de cette année. Selon le journal Thanh Niên, un jeune homme de 18 ans a été condamné à mort le 14 janvier pour avoir tué à coups de marteau une jeune fille qui l’avait découvert chez elle en flagrant délit de cambriolage. A la fin du mois, à l’issue d’un procès de 9 jours, largement couvert par les médias officiels, auquel assistaient des centaines de personnes, quatre hommes jugés responsables de la faillite d’une société d’Etat ont été condamnés à mort. Le principal coupable, Pham Huy Phuoc a détourné à lui seul plus de 27 millions de dollars des banques de l’Etat.

Comme le montrent les actuelles condamnations pour trafic de drogue ou de corruption, la peine de mort au Vietnam est surtout utilisée en raison de son caractère dissuasif et son application contre tel ou tel type de crimes correspond généralement à des campagnes contre les fléaux sociaux en question. Le rapport d’Amnesty fait remarquer que l’on ne connaît pas le nombre d’exécutions effectives. Cependant les auteurs du rapport expriment leur crainte que la majorité des 104 personnes condamnées à mort au cours de l’année 1995 n’aient été déjà exécutées et notent qu’une délégation australienne en visite au Vietnam avait été informée par un représentant de la Cour suprême que 90 personnes avaient été mises à mort en 1994. L’année dernière, un journaliste vietnamien a publié le récit de la dernière journée d’un condamné à mort qu’il a accompagné jusqu’au dernier moment.

Le code pénal du Vietnam prévoit un recours possible à la peine de mort pour un large éventail de crimes qui peuvent être le viol, le meurtre, des infractions qualifiées d’atteinte à la sûreté de l’Etat comprenant l’espionnage, le terrorisme, la rébellion et les tentatives d’évasion. Sont également passibles de cette peine les auteurs d’infractions relatives à la propriété socialiste, de crimes économiques. Plus récemment, la fabrication et le trafic de drogues ont été inscrits parmi les crimes susceptibles de valoir à leurs auteurs la peine de mort.