Eglises d'Asie

Les militants des droits de l’homme et les partisans de la démocratie sont très heureux de la lettre pastorale de carême des évêques catholiques

Publié le 18/03/2010




Militants des droits de l’homme et partisans de la démocratie en Indonésie ont, en général, très bien reçu la lettre pastorale de carême des évêques catholiques d’Indonésie, datée du 12 février 1997 (3). Beaucoup ont rendu hommage au courage de la conférence épiscopale qui a osé émettre des idées “nouvelles” sur les questions politiques, le droit de ne pas voter, et le problème de Timor Oriental.

En ce qui concerne les élections générales prévues pour mai 1997, les évêques écrivent que si, en conscience, les citoyens estiment qu’ils ne sont pas représentés ou que leur souveraineté n’est pas respectée, ils peuvent manifester “leur sens des responsabiltés et leur liberté en ne votant pas”On ne commet pas de péché quand on ne vote pasajoute le document.

Hendardi, militant musulman des droits de l’homme, a déclaré, le 22 février, que le texte des évêques était le texte le plus progressiste jamais publié par des chefs religieux indonésiens : “Le gouvernement impose son opinion selon laquelle les gens qui refusent de voter sont des citoyens irresponsables qui devraient être jugés pour subversion. Tout au contraire, les évêques catholiques affirment que ne pas voter n’est pas un péché

De son côté, Chris Siner Key-Timu, militant politique catholique du groupe d’opposition “Petisi 50affirme : “J’estime qu’avec ce document les évêques apportent un soutien moral fort aux groupes pro-démocratiques d’IndonésieIl observe en même temps que cette lettre pastorale “corrige” une lettre similaire publiée en 1982 qui demandait aux catholiques de voter pour l’un ou l’autre des partis en lice, estimant que l’abstention était un déni des droits du peuple.

Sabam Sirait, parlementaire protestant du Parti démocratique indonésien, pense quant à lui que le message des évêques ne doit pas être interprété comme un soutien au Golput, groupe d’étudiants et de militants pro-démocratiques qui prône l’abstention aux élections : “Les évêques disent seulement que les catholiques ont le droit de ne pas voter, ils ne disent pas qu’ils soutiennent les activités du GolputIl se dit en même temps très intéressé par l’appel des évêques en faveur d’une vie politique saine au service du bien public. Il estime que la lettre pastorale des évêques rejoint son souci : “Nous sommes profondément inquiets nous aussi de l’irresponsabilté d’un certain nombre de gens qui essaient de désintégrer la nation. La lettre pastorale des évêques catholiques contient une éducation politique sur la manière d’éviter ce danger de désintégration

Sur la question de Timor Oriental, les évêques demandent à toutes les parties concernées de se demander pourquoi après vingt ans d’intégration du territoire à l’Indonésie, “une part de la société de Timor Oriental n’est pas parvenue à accepter cet état de fait“. Ils ajoutent : “Selon nous, la clé se trouve dans la création d’une atmosphère sociale favorable dans laquelle le peuple de Timor Oriental peut réellement jouir du respect de son identité historique, culturelle et religieuse

Pour Hendardi, cette affirmation des évêques est dans la ligne de ce qu’exige le respect des droits de l’homme : “Il serait absurde de demander aux habitants de Timor Oriental d’être de bons citoyens si leurs droits démocratiques sont toujours bafoués

Key-Timu observe de son côté que le message des évêques semble être un avertissement au gouvernement qui ne respecte pas toujours les droits de l’homme sur le territoire. Il note aussi que la lettre des évêques n’est pas de nature à satisfaire pleinement les catholiques de Timor Oriental puisqu’elle ne mentionne pas le droit à un référendum sur l’auto-détermination. Mais, ajoute-t-il, “les évêques sont conscients des limites de leur autorité ; le diocèse de Dili n’appartenant pas à la conférence épiscopale indonésienne, c’est à l’Eglise de Dili de soulever la question du référendum