Eglises d'Asie

Pas de propagande religieuse dans les écoles mais renforcement des objectifs socialistes

Publié le 18/03/2010




Du 16 au 24 décembre dernier, le comité central du Parti communiste vietnamien a tenu un important “plenum” sur le thème de l’éducation nationale. C’était le 2ème depuis le huitième congrès qui a eu lieu à la fin du mois de juin 1996, le premier s’étant déroulé tout de suite après l’élection du nouveau Comité central. La résolution issue de cette réunion n’a été publiée qu’au cours du mois de février (10). Intitulée “Elaboration d’une stratégie de développement pour l’éducation et la formation dans le cadre de l’industrialisation, la modernisation – tâches à accomplir jusqu’en l’an 2 000 la résolution commence par dresser un bilan des points forts et des faiblesses du système éducatif. Parmi ces dernières, sont signalées les 9% d’analphabètes, l’injustice scolaire, une certaine commercialisation de l’enseignement et l’insuffisance quantitative et qualitative du corps enseignant. Puis la résolution présente les objectifs à atteindre pour l’an 2 000, des objectifs qui portent visiblement la marque du récent “retour aux sources socialisteseffectué par le Parti au cours du dernier congrès.

Il est en particulier recommandé de s’en tenir fermement aux idéaux socialiste en matière d’éducation aussi bien dans le contenu et les méthodes que dans les lignes politiques suivies en ce domaine. Dans cet esprit, après avoir demandé aux enseignants de lutter contre la tendance actuelle à la dépolitisation, le texte réitère l’interdiction de toute propagande religieuse dans les écoles. Le thème de la laïcité n’a jamais été un lieu obligé du discours du Parti communiste vietnamien sur l’éducation. Celui-ci est davantage enclin à prôner ce qu’il appelle la bonne harmonie du profane et du sacré. Il est probable que cette interdiction s’adresse plus particulièrement aux quelques établissements “fondés par le peuple” comme les écoles maternelles, les écoles de “l’affection” animées et administrées aujourd’hui par certaines institutions religieuses, ou encore aux foyers-pensionnats ouverts ici et là par des congrégations et accueillant des élèves du cycle d’études secondaires. Autant de lieux où peuvent être dispensés des cours supplémentaires. Une récente directive du service de l’éducation et de la formation de Hô Chi Minh-Ville parue le 14 février (11) interdit d’astreindre les élèves à des heures supplémentaires en dehors des cours officiels. Cette consigne s’adresse entre autres aux écoles maternelle et primaires accueillant les élèves en semi-internat.

En même temps, le Comité central a particulièrement insisté sur “l’extrême attention” qu’il faut accorder à l’éducation politique des jeunes vietnamiens. Ceux-ci, selon le texte de la résolution, prendront la relève de l’édification socialiste et ils devront “être à la fois rouges et experts” (12). La résolution parle même de relancer les cours de marxisme léninisme, pourtant un peu partout tombés en désuétude depuis déjà longtemps, même dans les universités. Cependant cette dernière consigne est tempérée par d’autres passages de la résolution où il apparaît que le marxisme-léninisme entre en concurrence avec d’autres matières, en particulier avec l’étude de la pensée de Hô Chi Minh: “Renforcer l’éducation civique, l’éducation idéologique, morale, patriotique, marxiste-léniniste – Faire étudier la pensée de Hô Chi Minh”.

Malgré toutes ces dispositions prises pour hausser le niveau politique de l’enseignement donné dans les écoles, la résolution du second plenum laisse deviner que le Parti vietnamien ne reviendra pas sur l’orientation déjà prise depuis plusieurs années et visant à établir un secteur privé au sein du système éducatif vietnamien. Cette orientation est confirmée même s’il est rappelé que l’enseignement public doit jouer un rôle dominant. Il est demandé de favoriser la création d’écoles semi-publiques et d’établissement scolaires “fondés par le peuple” (une catégorie d’écoles privées), dans les endroits où les conditions s’y prêtent. Est aussi recommandée l’ouverture d’écoles privées en particulier, les écoles maternelles, les écoles secondaires à partir de la troisième et les établissements d’enseignement universitaire. Il en existe déjà un certain nombre à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville.

La résolution du plenum se préoccupe également du financement du système de l’éducation nationale. A côté des contributions apportées par le secteur privé, il est prévu que la part prélevée dans le budget national pour subvenir aux besoins des écoles du Vietnam devra progressivement s’élever pour parvenir à 15 % du budget national en l’an 2 000. Pour le moment, le financement de l’éducation nationale est bien en deça de ce taux. Selon M. Lê Ngoc Lan, directeur adjoint de l’enseignement secondaire professionnel (13), le budget de l’Education ne constitue en 1997 que 11 % du budget total de l’Etat, ce qui ne représente qu’une somme de 7 dollars par écolier et étudiant, alors que cette somme est de 162 dollars pour la Malaisie et de 255 dollars pour la Corée du Sud.