Eglises d'Asie – Vietnam
Hô Chi Minh-Ville : un refuge pour jeunes filles fondé par une équipe de catholiques du lieu
Publié le 18/03/2010
D’une certaine façon, le centre a été la réponse des chrétiens du lieu au spectacle offert par les jeunes filles rencontrées sur les trottoirs de ce quartier mal famé de la banlieue saigonaise. En 1992, une fidèle de la paroisse de Thuân Phat, Lê Thi Cam Y, âgé de 67 ans, accompagnée de quelques autres femmes, ressentit le besoin d’offrir un lieu d’accueil à toutes ces jeunes à la dérive. Elles établirent alors leur refuge dans une vieille maison à laquelle on ajouta un toit de briques. La première pensionnaire de 17 ans y fut accueilli en octobre 1992. A cette époque, les familles du voisinage étaient loin d’approuver cette initiative dont elle craignait l’influence néfaste pour leurs propres filles. De plus, elles restaient sceptiques sur l’influence que pourrait exercer cette institution dont l’efficacité ne serait pas plus grande, disaient-elles, que l’eau que l’on verse sur le plumage d’un canard.
Le Centre dès le début a orienté son action sur les jeunes filles en danger moral vivant dans le quartier. Certaines d’entre elles n’étaient encore que des adolescentes, issues de familles très pauvres, pour la plupart catholiques, mais ayant abandonné la pratique. Elles étaient poussées à la prostitution par la nécessité de subvenir aux besoins familiaux. D’autres avaient été jetées sur le trottoir à l’issue d’une histoire bien connue où leur naïveté, leur faiblesse avaient joué un rôle aussi important que l’appât du gain rapide. Le Centre se préoccupe particulièrement des jeunes handicapées mentales, proies toute désignées de l’exploitation sexuelle.
Certaines jeunes filles après leur journée dans la rue, n’ayant pas de toit pour s’abriter la nuit viennent chercher un refuge au centre. Quelques unes sont enceintes et ont été amenées là par des soeurs de la charité qu’elles ont rencontrées dans l’hôpital où elles cherchaient à se faire avorter. Le centre s’occupera d’elles jusqu’à la naissance de l’enfant. Généralement, les jeunes femmes y séjournent jusqu’à ce qu’elles aient retrouvé l’assurance et la confiance en elle nécessaires pour prendre un nouveau départ dans la vie, ou simplement revenir dans leur propre famille. Il arrive même que certaines restent au centre comme formatrices. Ce fut, par exemple, le cas de Tran Thi Trang issue d’une famille dont le père s’adonnait à l’opium et la mère au jeu. Elle vint d’abord au refuge pour y suivre des cours de formation technique. A la fin des cours, elle décida de collaborer avec le personnel à l’accueil et à la formation. A l’heure actuelle, elle assure la responsabilité d’une classe d’alphabétisation. Elle désire plus tard devenir catéchiste dans sa paroisse.