Eglises d'Asie – Japon
La Cour d’appel de Nagoya condamne les châtiments corporels à l’école
Publié le 18/03/2010
En 1992, le tribunal de Nagoya avait déjà condamné Hiroshi Totsuka à trois ans de prison, mais un juge, partisan des méthodes d’éducation dites « spartiates », avait réduit la peine. La Cour d’appel, au contraire, a clairement rejeté le châtiment corporel comme étant une méconnaissance des droits de l’homme dont les enfants doivent bénéficier au même titre que les adultes et comme une méconnaissance aussi de ce qu’est l’éducation et la formation des jeunes. De plus, la Cour précise que la formation donnée dans cette école l’était sans aucun objectif précis.
Le journal Asahi, reconnaissant l’importance de cette décision de justice, en a fait son éditorial du 13 mars : « La Cour d’appel condamne le châtiment corporel et souligne les droits fondamentaux des enfants. Une telle déclaration était nécessaire car le châtiment corporel comme moyen d’éducation est, au Japon, une idée très répandue aussi bien parmi les éducateurs que dans l’opinion publique. La Cour prend nettement position contre cette opinion. Cette sentence qui fera jurisprudence condamne avant tout les châtiments corporels inhumains affligés aux jeunes. Les enfants à l’école sont fréquemment mis en pénitence dans des réduits aux portes grillagées, les mains attachées. Les enfants ainsi traités parviendront peut-être à obéir aux adultes mais ce ne sera jamais que par crainte du châtiment. Le jugement de la Cour s’appuie sur plusieurs exemples qu’elle cite, tel ce moniteur urinant sur un garçon la tête coincée dans l’urinoir. L’école, à l’évidence, n’avait aucun respect de la responsabilité d’éducation qui lui incombait. Dans cette même école de voile quatre décès de jeunes avaient été enregistrées entre 1980 et 1982. Ces tragédies montrent bien la légéreté de ceux qui prônent l’efficacité des châtiments corporels. Le tribunal légitime ainsi l’idée que tous les jeunes sont différents et que l’école qui use de la force pour les dominer sans égard pour leur personnalité ne fait que renier la base de toute éducation. Une jeune victime, un garçon de 13 ans, s’était inscrit à un camp d’entraînement de cette école en 1982 parce qu’il ne savait pas nager et qu’on s’était moqué de lui à l’école. Il voulait donc apprendre. Juste avant de partir, il avait dit à sa mère qu’il n’avait jamais été aussi heureux de sa vie. Deux semaines plus tard, il était mort. L’autopsie a révélé deux dents cassées, 115 blessure et ecchymoses, toutes, selon la Cour, occasionnées par des violences. Ce genre d’école n’existe que parce que les parents rencontrent de sérieux problèmes dans l’éducation de leurs enfants. Il est facile d’imaginer les parents désespérés qui n’ont plus d’autre possibilité que d’envoyer leurs enfants à l’école de voile. Il est vrai aussi que la société moderne manque de moyens pour aider parents et enfants à résoudre leurs problèmes. Mais tout ne fera qu’empirer si le recours au châtiment corporel est pris comme le moyen le plus expéditif pour les résoudre. La Cour a donné également un sérieux avertissement contre l’emploi de la violence quel que soit l’entraînement dont il s’agit ».
Il existe maintenant dans les quartiers de plus en plus de services capables d’aider les parents et les jeunes en difficulté. Le ministre de l’Education nationale a créé des postes de conseiller d’éducation dans les écoles, même s’ils restent trop peu nombreux. Il existe aussi des services privés qui aident parents et enfants à parler ensemble de leurs difficultés. Il y a bientôt trois ans que le Japon a signé la Convention des droits des enfants. Son application exige de constants efforts pour promouvoir le bien et l’intérêt des enfants. Les adultes se doivent de ratifier ce principe. Le garçon de 13 ans, avant de partir pour son stage de voile, avait laissé sur sa table, à côté d’une fleur en pot, un billet écrit de sa main: « Ne tuez pas la fleur