Eglises d'Asie

Les Eglises chrétiennes se divisent au sujet du renouvellement éventuel du mandat du président Ramos

Publié le 18/03/2010




La question de l’éventuel renouvellement du mandat de l’actuel président Fidel Ramos divise les Eglises chrétiennes des Philippines depuis la fin de l’année dernière. Le 15 mars dernier, cette opposition a encore été soulignée davantage: un grand rassemblement de prière de groupes évangéliques a souhaité publiquement le maintien au pouvoir de l’actuel président tandis que des hauts dirigeants de l’Eglise catholique et du Conseil national des Eglises ont tenu des discours désapprouvant le maintien de Fidel Ramos au pouvoir.

L’objectif évident des 5 000 personnes appartenant à divers groupes évangéliques charismatiques, rassemblées à Manille le 15 mars dernier pour une grande réunion de prières, était bien en effet de prolonger le mandat du président. Nous croyons à la vérité de : “Vox Populi, vox Deia proclamé Eddie Villanueva, président d’un des mouvements organisateurs du rassemblement. Les placards affichés pour la circonstance portaient des slogans qui ne laissaient planer aucun doute: “Six ans, c’est trop court pour un bon présidentou encore “S’il vous plaît, Fidel Ramos, recommencezLes divers groupes ayant appelé à ce rassemblement de prière, dont les plus importants sont le “Mouvement des Philippines pour Jésus” et le “Mouvement ‘Jésus est Seigneur'” se sont, depuis quelques temps associés sous le sigle “Soutien aux initiatives pour le bien de la nation” (SIBN). Son porte-parole, Romeo del Merced, a affirmé que “Fidel Ramos reste encore “le meilleur” pour conduire les Philippines dans le deuxième millénaire”. Avec d’autres associations comme “Initiative du peuple pour la réforme, la modernisation et l’action” (IPRMA), le SIBN fait campagne en faveur d’un plébiscite destiné à amender la constitution qui actuellement ne permet pas à Fidel Ramos de solliciter un nouveau mandat. Tous ces mouvements conseillent aux électeurs de faire connaître leur opinion à ce sujet lors des prochaines élections régionales en l’inscrivant sur leur bulletin de vote.

Aucun des groupes en question n’a, non plus, abandonné l’idée de collecter le nombre de signatures nécessaires à la tenue d’un référendum constitutionnel, même si, en décembre dernier, une décision de la Cour suprême a interdit à deux membres du IPRMA de continuer de recueillir les signatures en ce sens.

Dans l’autre camp, après le cardinal Jaime Sin qui, dès le mois de décembre 1996, s’était vigoureusement opposé au changement constitutionnel (7), c’est actuellement le cardinal Ricardo Vidal, archevêque de Cebu, qui prend la tête des opposants à la prolongation du mandat présidentiel de l’actuel dirigeant suprême. Le jour même où se tenait le rassemblement de prière des groupes charismatiques, il déclarait devant 6 000 de ses diocésains que la constitution était “la parole d’honneur” du peuple philippin, “un testament sacrélégué par ceux qui l’ont ratifié en 1987, durant le mandat de Corazon Aquino, et que les catholiques devaient veiller à ce qu’elle ne soit pas changée au profit de ceux qui ne veulent que perpétuer leur pouvoir.

Loin de là, dans le centre de l’île de Mindanao, à Davao, le révérend Constante Claro, du Conseil national des Eglises des Philippines, tenait des propos analogues bien que plus nuancés. Commentant le rassemblement de prière des groupes charismatiques, il a pris acte des divergences d’opinions qui existaient à l’intérieur de certains groupes religieux appartenant au Conseil national des Eglises, comme d’ailleurs chez les catholiques: “Les Eglises affiliées au Conseil national ont déjà exprimé leur opposition au changement constitutionnel mais il existe certains de leurs membres qui adhèrent aussi au SIBN et à ses idéesIl a également annoncé que lors de leur réunion du mois d’avril, les dirigeants du Conseil national des Eglises discuteront d’une proposition appelant à la désobéissance civile par non-paiement des impôts et protestations dans les rues, au cas où les partisans du changement constitutionnel obtiendraient gain de cause.