Eglises d'Asie

Les militants catholiques de Florès affirment que la coutume de la dot est une façon d’asservir les femmes

Publié le 18/03/2010




La dot pratiquée à Florès, île indonésienne à majorité catholique, peut prendre la forme de défenses d’éléphant, de bétail, de bijoux, d’or, ou simplement d’argent liquide. Elle est souvent un sujet de fierté pour les jeunes femmes sur le point de se marier, mais elle peut être aussi cause de souffrance, constatent les militants chrétiens. L’habitude veut en effet que la famille de la mariée exige une dot de la part du prétendant.

Quoique la tradition affirme que la dot est un des fondements de la dignité des femmes et rehausse leur statut social, un séminaire tenu à ce sujet a conclu l’an dernier que cette pratique leur apportait plus de souffrances que de bonheur. “Une femme n’a aucun droit sur les biens de sa famille à moins qu’elle soit enfant unique ou que tous les autres enfants soient des fillesexplique Mama Roh, militante du mouvement pour les droits de la femme de Dona Innes, un groupe de Maumere. “Une fois mariée, elle est considérée comme propriété acquise par la famille de son mari qui a payé la dotexplique Roh à son auditoire du séminaire qui s’est tenu à Hokeng, à l’est de Florès. Elle ajoute que cette coutume est bien le reflet de la domination des hommes sur les femmes. Les frères montrent qu’ils peuvent dominer leurs soeurs en demandant une dot élevée à la famille du marié : “Si nos frères étaient moins avides, nos vies de femmes mariées seraient plus faciles

Edouard Sareng, directeur de la Yayasan Flores Sejahtera, une organisation caritative de Florès, partage ce point de vue et observe que la dot exalte aussi l’orgueil de l’homme, mais au prix des souffrances de la femme : “Si un frère ne demande pas une dot élevée pour sa soeur, il est mal vu. Par fierté personnelle, le montant de la dot que vous demandez doit dépasser ce que peut payer la famille du mariéSareng explique que les hommes de cette région continuent d’être obsédés par une sorte de fausse fierté alors qu’ils ont bénéficié d’une bien meilleure éducation que leurs anciens. Markus D. Batafor, directeur de la Yayasan Bina Sejahtera, une association éducative, dit de son côté que les changements sociaux et éducatifs n’ont pas réussi à ébranler cette tradition de la dot qui opprime les femmes depuis des siècles.

L’évêque de Larantuka, Mgr. Darius Nggawa, au cours d’une visite pastorale à l’île d’Adonara, à l’est de Larantuka, a dit aux responsables locaux que, bien que la coutume de la dot ait sa valeur, elle devait être adaptée aux conditions actuelles de la vie : “Les anciens avaient instauré la coutume de la dot pour exprimer leur respect pour la dignité de la femme. Une coutume qui a sa valeur. Mais nous avons à l’adapter au contexte moderne sans la faire dévier pour autant de son principe d’origineLe P. François Amanue, responsable de la commission “Justice et paix” du diocèse de Larantuka, voudrait que les dots ne soient pas négociées : “Si vous marchandez c’est que vous considérez la mariée comme une marchandiseIl remarque enfin que les coutumes locales ont changé à cause de la montée du matérialisme ambiant .