Eglises d'Asie

Un lieu de pèlerinage catholique du sud de l’Inde est fréquenté aussi par les hindous et les musulmans

Publié le 18/03/2010




Un lieu de pèlerinage catholique, situé à Karkal, dans le diocèse de Mangalore, attire aussi bien les hindous que les musulmans. Quelque 400 000 personnes se rendent en pèlerinage à Saint-Laurent chaque année, entre le 28 et le 30 janvier, pour “une fête de tous les groupes religieux de la paroisse” comme l’indique le P. Joseph Fernandes. “Ce lieu de pèlerinage est un centre d’inculturation et de dialogue interreligieux où tous oublient leur différence et leur particularité religieuseLaxmikanth Acharya, hindou et membre du comité des fêtes de la paroisse, explique qu’au moment de la communion eucharistique, les membres des autres religions partagent les dons et l’huile offerts et bénis à l’offertoire. Un musulman fait partie lui aussi de ce comité des fêtes. Homme d’affaires musulman, Mohamed Ashraf explique que le dernier jour de la fête est célébré par tous “sans tenir compte ni des castes ni de la religionCette fête locale existerait depuis le XVII( siècle, quoique ce soit invérifiable, et veut exprimer l’harmonie de la communauté locale ainsi que la richesse de son héritage culturel.

Cette célébration devenue diocésaine a adopté plusieurs rites religieux traditionnels pour favoriser l’inculturation et la compréhension mutuelle : offrandes de fleurs, partage de fruits et de l’huile offerts au saint, cierges allumés et port d’un fil béni au poignet.

Le P. Fernandes explique : “Le sanctuaire surmonté d’une tour de 27 mètres reflète aussi bien la culture chrétienne que les cultures hindoue ou musulmane. Les non-chrétiens assistent aux services religieux avec célébration pénitentielle et messe, mais la principale attraction pour eux, reste les miracles et les grâces qu’ils espèrent obtenir. Une croyance populaire, partagée par les chrétiens et les non-chrétiens, veut qu’un fil béni dans ce sanctuaire soit un gage de la protection de Saint-Laurent et des centaines de gens croient que le saint doit être invoqué par les couples sans enfants“. Jaddish R. Acharya, hindou, ministre de l’agriculture de Goa, l’Etat voisin, était venu au sanctuaire pour demander un enfant et “Saint Laurent m’en a donné deuxdit-il.

Il existe plusieurs versions quant à l’origine du sanctuaire et de son caractère interreligieux centenaire. Il est probable que l’église n’existe que depuis 1810. La tradition veut que le sanctuaire ait été fondé 200 ans plus tôt par des chrétiens qui voulaient échapper à la tyrannie du sultan musulman Tippu. Le sultan soupçonnait les chrétiens d’être amis des anglais, ses ennemis. Il les déporta donc à Mysore, sa capitale, où beaucoup moururent de faim ou sous la torture. A sa mort, quelques uns retournèrent à Mangalore. Fatigués et affaiblis ils n’en transportaient pas moins une petite statue de saint Laurent, leur protecteur dans leur malheur. Il s’arrêtèrent à un ruisseau pour se reposer et posèrent la statue de bois que, un peu plus tard, ils ne parvinrent pas à soulever. Les gens croient que c’est à cet endroit que fut bâti le sanctuaire. Le P. Fernandes précise que l’Eucharistie y est célébrée régulièrement depuis 1895 quoiqu’on y vienne en pèlerinage depuis 1830.