Eglises d'Asie

La paroisse de Tasikmalaya remercie les musulmans qui ont protégé des chrétiens pendant les émeutes de décembre 1996

Publié le 18/03/2010




Le 26 décembre 1996, à Tasikmalaya, à 120km au sud-ouest de Jakarta, des émeutes anti-chrétiennes particulièrement violentes avaient éclaté. Quatre personnes étaient mortes, 12 églises avaient été détruites ainsi qu’une soixantaine d’établissements commerciaux (4). Trois mois plus tard, le vendredi saint, 28 mars, les locaux de la paroisse du Sacré Coeur de Taksimalaya, incendiés lors des troubles et aujourd’hui en partie rénovés, accueillaient pour une réception spéciale 125 musulmans à qui les chrétiens du lieu voulaient manifester leur reconnaissance. Malgré ou à cause de leurs convictions islamiques, non seulement ils n’avaient pas participé aux violences, mais, pendant toute la durée des événements, ils s’étaient efforcés de protéger leurs voisins et amis chrétiens.

« C’est grâce à vous , leur a dit le curé de la paroisse, le P. Yustinus Siswa Subrata, qu’une partie des locaux de la paroisse a pu être sauvée de l’incendieIl a alors cité ceux de ces hôtes qui ont caché des catholiques ou des chrétiens d’autres dénominations dans leur propre maison, ceux qui, par leurs contributions, ont empêché que l’incendie qui a détruit l’église ne se propage aussi aux deux écoles adjacentes, ceux qui ont participé, pendant dix jours, aux travaux de déblaiement des ruines de l’église, sans accepter de rémunération.

Les autres chrétiens présents à la réception ont alors énuméré les services rendus, durant ces terribles journées, par leurs voisins musulmans. En particulier, l’évêque de Bandung, Mgr Alexander Djajasiswaja, qui venait de présider la liturgie du vendredi saint dans la paroisse, s’est dit particulièrement ému par le courage d’un dirigeant musulman local qui a accordé son aide à un prêtre de la paroisse. Celui-ci s’étant brisé la jambe en essayant de sauter une barrière pour échapper aux émeutiers, le dirigeant musulman l’a recueilli chez lui et l’a soigné lui-même. Le prélat a conclu en disant qu’aucune religion n’enseigne à brûler les lieux de culte et que les incendiaires étaient des irresponsables manquant de sens commun.

Au nom des hôtes musulmans, le chef de village, Nana Sudiana, a regretté les actes de violence commis à Tasikmalaya par des adeptes de l’islam. Il a cependant fait remarquer que la plupart des émeutiers étaient étrangers à la ville et provenaient des cités voisines. Sur place, a-t-il ajouté, règne une grande tolérance entre chrétiens et musulmans qui vivent en harmonie sans se questionner sur leur foi. Il a terminé en offrant la collaboration de la communauté musulmane pour la restauration de l’église.

Auparavant, entre les murs calcinés de l’église, avaient été célébrées les cérémonies du vendredi saint, présidées par l’évêque de Bangdung et suivies par un millier de fidèles dont « beaucoup avaient tout perdu, lors des événements, sauf leur vie et leur foia fait remarquer un témoin.