Eglises d'Asie

L’épiscopat philippin affiche ouvertement son opposition à la prolongation du mandat du président Fidel Ramos

Publié le 18/03/2010




Après le cardinal Sin (11) et le cardinal Ricardo Vidal (12), c’est la totalité de l’épiscopat philippin qui vient de marquer son refus de la prolongation du mandat présidentiel de l’actuel dirigeant suprême, Fidel Ramos. Dans une lettre pastorale rédigée à la fin du mois de mars et lue dans toutes les églises des Philippines le 6 avril 1997, les évêques catholiques ont marqué sans ambiguïté leur opposition au changement constitutionnel qui permettrait de prolonger le mandat de l’actuel président, Fidel Ramos : “Nous sommes opposés, ont-ils déclaré, à la tenue d’un référendum avant les élections de 1998, ainsi qu’à l’initiative prétendue “populaire” destinée à le favoriserIls ont souligné le caractère inopportun de cette initiative dans les circonstances présentes, les effets nocifs qu’elle pourrait avoir sur la vie sociale, politique et économique. Selon eux, l’argent et l’énergie du peuple seraient mieux employés s’ils étaient consacrés à subvenir à des besoins plus urgents. Par ailleurs, ils ont mis en avant l’expérience acquise par eux dans un passé très récent, et des éléments troubles aujourd’hui engagés dans la campagne visant à supprimer ou à changer les limites du mandat présidentiel. Autant de raisons qui les incitent à se méfier de l’actuelle campagne de signatures destinée à obtenir la tenue d’un référendum.

Les esprits sont orientés différemment du côté protestant. Depuis que l’arrêt rendu par la Cour suprême a mis un terme provisoire à la campagne menée pour recueillir les signatures nécessaires à la tenue d’un référendum, les diverses Eglises protestantes, en particulier les groupes évangéliques, n’expriment plus de soutien public à cette campagne. Cependant l’exaltation de l’actuel dirigeant suprême et le souhait de le voir à la tête du pays pendant de nombreuses années se sont exprimés sans retenue au cours des diverses liturgies pascales. C’est ainsi qu’au cours du service de Pâques organisé par les principales Eglises protestantes, on a pu entendre cette invitation à la prière de Mgr Hilario Gomez, président du Conseil national des Eglises de Philippines : “Je vous invite tous à prier pour notre frère, le président Fidel Ramos, don de Dieu au peuple des Philippines, pour qu’il continue à être une bénédiction pour notre pays et jamais une malédictionFred Magbanua, de la fondation évangélique “Jésus, notre vie”, a parlé de Fidel Ramos comme du “symbole de la nation philippineIl a déclaré que celui-ci “avait été choisi par Dieu pour nous conduire dans la lutte contre les monopoles, contre la pauvreté afin que nous devenions la vraie nation bénie du Dieu vivant”.

Les partisans de la prolongation du mandat présidentiel – beaucoup de membres des Eglises protestantes le sont dans le privé – nourrissent encore quelque espoir d’arriver à leurs fins. Leur victoire serait possible s’ils pouvaient réussir à faire casser en appel la décision de la Cour suprême, si le président rassemblait une convention constitutionnelle pour amender la constitution ou s’il autorisait le Congrès à se constituer en assemblée constituante avant les élections du mois de mai 1998.