Eglises d'Asie

Pour la première fois, le gouvernement japonais reconnaît les Aïnous comme d’authentiques aborigènes du Japon

Publié le 18/03/2010




Au cours d’une interview accordée au journal Yomiuri, le 28 mars 1997, pour la première dans l’histoire du Japon, le Premier ministre, Ryutaro Hashimoto, a reconnu officiellement aux Aïnous la qualité d’aborigènes de cette région du nord du Japon, le Hokkaïdo, où ils vivent depuis des temps immémoriaux (5). Quelques jours auparavant, le Tribunal de grande instance de Sapporo avait rendu son jugement dans un procès intenté par deux propriétaires terriens d’origine aïnou contre le conseil régional. Ceux-ci avaient porté plainte contre une vaste expropriation de terrain réalisée sans tenir compte des droits ancestraux des Aïnous pour permettre la construction d’un barrage hydraulique. Les juges avaient déclaré cette expropriation illégale sans cependant l’annuler, les dommages causés par le démantèlement du projet étant jugés trop importants et contraires à l’intérêt de la population de la région. C’est en commentant cette décision que le chef du gouvernement a souligné l’identité particulière des aborigènes et a qualifié leur existence de “fait historiquealors que jusqu’ici les Japonais s’étaient toujours considérés comme une nation homogène. Une telle déclaration représente une grande victoire pour les Aïnous.

Les Aïnous sont une minorité culturelle, distincte de la population dominante, concentrée surtout dans le nord de l’île du Hokkaido. Comme les Indiens de l’Amérique du Nord, ils ont perdu la majorité des terres où ils vivaient de chasse et de pêche, au profit de colons venus de tous les coins du pays depuis plusieurs centaines d’années mais surtout au 19ème siècle durant lequel le mouvement de colonisation s’était accéléré.

Les gouvernements précédents avaient déjà beaucoup fait pour l’assimilation de ce peuple. En 1987, à la demande des Nations Unies, les Aïnous avaient été reconnus comme une minorité ethnique jouissant de tous les droits des ressortissants japonais. Pourtant, ils continuaient d’être l’objet de discrimination et n’avaient jamais été reconnus comme les premiers occupants du Japon. Monsieur Kanta Eguchi, du ministère des Affaires étrangères, responsable du département des droits de l’homme et des réfugiés, justifiait encore ce refus en alléguant le manque de clarté de l’expression “premiers occupantspourtant d’acception internationale. Le premier ministre vient donc de rompre avec cette tradition en affirmant : “Pour ce qui est des Aïnous, leur qualité d’aborigène est un fait historique

D’après une étude du Conseil régional du Hokkaido, en 1993, les membres de cette minorité étaient au nombre de 24 000, mais “l’Association des Aïnous du Hokkaido” affirme qu’ils sont bien plus nombreux, car beaucoup ne se déclarent pas par peur d’être victimes de discrimination.