Eglises d'Asie

Deux ans après la promulgation du code du travail, les conditions de travail des ouvriers se sont détériorées

Publié le 18/03/2010




Selon les responsables du ministère du travail et des syndicats officiels (14), deux ans après l’entrée en vigueur du nouveau code du travail, promulgué le 1er janvier 1995, la situation des travailleurs, la protection de leurs intérêts et de leur santé, ainsi que leurs conditions de travail, ne se seraient guère améliorées. Au contraire, au cours des deux année écoulées, aucune évolution favorable n’a été notée. Le nombre de grèves a augmenté, le climat et l’environnement des entreprises se sont dégradés tandis que la liste des incidents au cours desquels des ouvriers vietnamiens sont humiliés par des contremaîtres étrangers ne cessent de s’allonger. Ces affaires envahissent aujourd’hui les colonnes de la presse vietnamienne.

Un certain nombre de faits et chiffres publiés par les syndicats officiels illustrent bien la situation peu enviable du monde du travail à Hô Chi Minh-Ville. Sur 2 432 entreprises de la ville, seules 684 ont un règlement intérieur concernant la sécurité du travail. Durant les années 1995 et 1996, il y a eu plus de 53 graves accidents du travail qui ont causé la mort de 42 personnes et en ont blessé 27 autres. L’augmentation des maladies professionnelles est alarmant. 10 % des ouvriers du textile souffrent de complications pulmonaires tandis que 10 % du personnel employé dans la conserverie de poissons et fruits de mer sont atteints de rhumatismes articulaires.

Le mécontentement ouvrier se traduit par des arrêts de travail plus fréquents. Alors que, de 1990, date de la reprise économique, au 1er janvier 1995, il n’y avait eu que 53 grèves à Hô Chi Minh-Ville, pour les deux années qui ont suivi, il y en eut 63, alors même qu’en septembre 1996, une directive gouvernementale interdisait les arrêts de travail dans un certain nombre de secteurs-clés de l’économie nationale, de la Défense et de la Sécurité. 36 grèves ont touché des entreprises mixtes ou à capital entièrement étranger. 14 concernaient des entreprises privées vietnamiennes. Pour les seuls trois premiers mois de l’année 1997, 20 grèves ont déjà eu lieu. Dans le même temps, les plaintes envoyés individuellement par les travailleurs aux syndicats se sont multipliées.

Selon des observateurs officiels, la situation actuelle serait due, en partie, à la négligence et la pusillanimité de la section syndicale dans l’entreprise, organisme directement chargé de faire observer les clauses du code de travail par le patronat. Selon des sondages réalisés par les syndicats officiels, seules 20 % des sections syndicales d’entreprises auraient quelque efficacité, le autres sections n’existeraient que pour l’entreprise soit en règle avec le Code.

Cependant la détérioration des conditions de travail a une autre cause, sans doute, plus importante : l’embauche, par les entreprises, de travailleurs dépourvus de certificats de résidence officielle à Hô Chi Minh-Ville. Les services du travail de la ville estiment qu’ils constituent un tiers des effectifs des entreprises de Hô Chi Minh-Ville. De faible niveau culturel, ils sont peu au courant de leurs droits. En outre, la peur de perdre leur emploi, si l’entreprise est sanctionnée, les pousse à tout supporter en silence. Ils sont aussi conscients que certains projets gouvernmentaux actuels, destinés à dégraisser la population de Hô Chi Minh-Ville, les visent directement.