Eglises d'Asie – Indonésie
Le gouvernement indonésien interdit à un prêtre de se rendre à l’étranger.
Publié le 18/03/2010
Son avocat, Luhut Pangaribuan, a indiqué au quotidien catholique Kompass que cette interdiction n’avait aucun fondement légal : « D’après les lois sur l’immigration, le Père Sumardi aurait dû recevoir une lettre de ce bureau (de l’immigration) lui notifiant l’interdiction de quitter le pays et lui en fournissant les raisons. Or, il n’a jamais rien reçuL’avocat soupçonne le gouvernement d’avoir interdit ce voyage en raison de la protection accordée par ce prêtre à des militants pro-démocrates lors des troubles de juillet 1996.
Des émeutes populaires très violentes avaient, en effet, éclaté à Jakarta, le 26 juillet 1996, provoquées par les manoeuvres gouvernementales visant à diviser le parti d’opposition PDI (Partai Demokratik Indonesia) dirigé jusque là par Megawati Sukarno. Notamment, quelque temps auparavant, la police avait appuyé un coup de force d’une tendance dissidente pro-gouvernementale du parti, qui s’était emparée des locaux du parti et avait imposé un président illégalement élu. Après les émeutes, le P. Sumardi avait reconnu publiquement avoir donné asile à trois militants du PRD (Partai Rakyat Demokratik) accusés d’être les organisateurs des émeutes et arrêtés par la suite (9). Il avait alors expliqué les motifs et les circonstances de cette prise de position.
Il se trouve que l’interdiction de voyager signifiée au P. Sumardi coïncide avec le procès des militants du PRD, impliqués dans les émeutes du 27 juillet 1996 et accusés aujourd’hui de tentative de déstabilisation du gouvernement. Parmi eux se trouvent les trois militants accueillis à l’époque par le religieux jésuite. L’un d’entre eux, Budiman Sudjatmiko, vient de lire à la presse un communiqué signé par neuf de ses compagnons. Il y affirme, en particulier, que, l’instruction n’ayant pu prouvé leur engagement dans les récentes émeutes, c’est sous un autre chef d’accusation qu’ils ont été conduits devant les juges. Il qualifie de farce politique le procès intenté contre les militants de son parti, et informe que lui et ses compagnons n’ont pas jugé nécessaire d’être défendus par des avocats.