Eglises d'Asie

Les évêques indiens dénoncent le mépris dans lequel sont tenus les enfants de l’Inde

Publié le 18/03/2010




Dans un message adressé au gouvernement, aux syndicats et aux militants sociaux, à l’occasion du 1er mai, l’épiscopat indien lance un cri d’alarme au sujet de la situation actuelle des enfants de l’Inde et demande, pour tous sans exception, un égal accès à la nourriture, aux soins de santé et à l’éducation. “Si l’Inde abandonne des millions de ses enfants à l’exploitation, à la violence et aux abus de toutes sortes, le pays court à sa perte”, précise le texte qui a été rédigé par la Commission chargée des questions concernant le travail. Selon les évêques indiens, la situation actuelle d’une grande partie des enfants de l’Inde est “consternanteet le portrait qui en est fait dans le texte du message est particulièrement noir.

La loi indienne considère comme enfant toute personne n’ayant pas dépassé l’âge de quatorze ans. Selon cette définition, les enfants constituent un tiers de la population qui atteint aujourd’hui le chiffre de 920 millions. Une récente enquête du Conseil indien de la recherche médicale, que cite les évêques, relève que, dans les campagnes du pays, au moins 65 % de cette population enfantine souffre de malnutrition. Cette carence alimentaire se traduit par un taux de mortalité infantile particulièrement élevé. Pour une bonne partie des enfants indiens, l’éducation reste encore un luxe inaccessible. Les évêques soulignent que 82,2 millions d’enfants entre 6 et 14 ans ne fréquentent pas l’école. Des milliers d’autres abandonnent l’école pour la rue, poussés par la faim et la pauvreté de leurs familles dont ils s’écartent très jeunes.

Le travail des enfants est aussi vigoureusement dénoncé par la Conférence épiscopale de l’Inde qui parle de quelque 100 millions d’enfants au travail dans les carrières, les mines, les usines, les ateliers ou encore les maisons où ils sont employés comme domestiques, alors que généralement les statistiques gouvernementales ne mentionnent que 20 millions d’enfants employés à des travaux d’adultes. Par ailleurs, au moins 40 000 enfants ont, d’une façon ou d’une autre, été entraînés par des adultes dans le commerce du sexe. Selon les auteurs du message, l’Asie du sud avec ses lois peu rigoureuses, sa grande pauvreté et sa soif de dollars est devenue un des terrains de chasse préférés des pédophiles. Dans un domaine parallèle, les évêques évoquent également les 50 % de filles indiennes qui, selon certaines études récentes, seraient victimes d’abus sexuels, souvent même à l’intérieur de leur famille.

S’interrogeant sur les motifs de cette aggravation de la situation des enfants en Inde, les évêques désignent, comme première cause, la politique de libéralisation économique appliquée aujourd’hui dans le pays. L’introduction de l’économie de marché a mis à la disposition de la population un très grand nombre de produits et de services. Mais en même temps, en accentuant la disparité des revenus, elle a favorisé le travail, l’exploitation et le trafic des enfants qui constituent désormais une main-d’oeuvre très bon marché, en même temps qu’une marchandise dont on peut tirer un profit considérable : “Comme de jeunes fleurs piétinées avant même d’éclore, nos enfants sont privés de la joie de leur enfance et dépouillés de leurs droits de personne humaineconstate le texte du message. L’analphabétisme, l’absence de soins de santé, les violences commise contre eux les ont amputés de ces droits. Les évêques demandent à tous les Indiens, en cette année du cinquantenaire de l’indépendance, de libérer l’enfance indienne de l’oppression et de la violence.