Eglises d'Asie

Les responsables d’Eglise accordent un préjugé favorable au nouveau gouvernement malgré certains doutes émis sur sa stabilité

Publié le 18/03/2010




Le 21 avril dernier, Inder Kumar Gujral, un diplomate devenu homme politique, a remplacé au poste de premier ministre, H.D. Deve Gowda. Ce dernier avait perdu la confiance du parlement dix jours plus tôt, après avoir été abandonné par le parti du Congrès qui lui avait reproché son impuissance à faire échec au “communalisme” et au fondamentalisme. Comme son prédécesseur, Gujral est le chef du Front uni, une coalition de 13 petits partis, qui a formé le gouvernement avec le soutien du parti du Congrès, anciennement majoritaire. Dès sa prise de fonction, il a réitéré son engagement au service de la justice sociale et de la société civile. Ancien diplomate et ministre des Affaires étrangères du précédent gouvernement, le nouveau premier ministre a promis de faire une politique fondée sur des valeurs morales et de mener une action publique à la fois responsable et transparente.

C’est le troisième premier ministre en moins d’un an, et un certain nombre de responsables d’Eglise éprouvent quelque inquiétude devant ce qui pourrait être perçu comme une marque d’instabilité politique. Cependant, les jugement portés sur le nouveau gouvernement ne sont jamais entièrement négatifs, même si tous s’accordent pour estimer que sa tâche sera particulièrement ardue (4).

Beaucoup, à l’exemple de Mgr Pritam Santram, évêque de l’Eglise de Chine du Nord à Delhi, reconnaissent que le nouveau conseil des ministres possède honnêteté et intégrité. Mais plusieurs, comme, par exemple, le P. Georges Pereira, adjoint au secrétaire général de la Conférence épiscopale de l’Inde, émettent des doutes sur ses capacités à répondre aux défis de l’heure, alors que la confiance des Indiens en leurs hommes politiques et en leurs ministres en est à son plus bas niveau. On hésite à croire qu’un gouvernement soutenu par des partis politiques aux idéologies divergentes puissent maintenir la stabilité politique et bénéficier d’une longue durée de vie. En effet, le premier ministre s’appuie à la fois sur le parti du Congrès qui a conduit une politique de libéralisation économique dans le pays et sur des partis de gauche dont le point de vue en ce domaine est totalement opposé.

Le P. Pereira a ajouté que l’Eglise catholique continuerait de faire pression sur le gouvernement afin que celui-ci mette en oeuvre un programme de réforme économique en faveur des pauvres et des basses castes du pays. En particulier, l’Eglise poursuivra sa lutte pour qu’un certain nombre de postes soient réservés aux dalits chrétiens, privilège dont bénéficient déjà les dalits des autres religions. Selon Jose Chiramel, secrétaire général de l’Union catholique panindienne qui regroupe les organisations de laïcs à travers toute l’Inde, c’est l’alliance d’un certain nombre de partis pro-hindous qui a empêché l’ancien gouvernement de satisfaire la demande de l’Eglise en faveur des dalits. Il sera plus difficile au nouveau gouvernement d’ignorer la discrimination exercée contre les chrétiens de basses castes.

Par contre les analystes politiques envisagent avec moins de scepticisme l’action du nouveau gouvernement, présidé par un ancien diplomate, dans le domaine des relations extérieures , en particulier pour entamer le dialogue avec le Pakistan sur la question du Cachemire.