Eglises d'Asie

Kerala : les dirigeants chrétiens dénoncent vigoureusement un écrivain, auteur d’une nouvelle controversée sur Jésus

Publié le 18/03/2010




La publication de “Kannadi Kanmolavum” (jusqu’à ce vous voyiez le miroir), une nouvelle de l’écrivain Paul Zacharia ayant pour thème la vie de Jésus a provoqué la colère d’un certain nombre de dirigeants chrétiens de l’Etat du Kerala. Des menaces de mort ont été proférées à l’encontre du romancier après que la nouvelle eut été publiée dans l’hebdomadaire de langue mayalam Mathrubhumi (mère patrie).

“Cet écrit a profondément blessé toute la communauté chrétiennea dit Mgr Maria Callist Soosay Pakiam, évêque de Trivandrum, qui ajoute que l’auteur “a crucifié Jésus à nouveau” quelques jours à peine après la célébration du Vendredi saint par les chrétiens. De son côté, Mgr Yesudasan, évêque protestant de l’Eglise du sud de l’Inde, a évoqué le tort ainsi fait “à une partie considérable de la population

Paul Zacharia, qui est lui-même d’origine catholique, s’est dit surpris des violentes réactions des dirigeants d’Eglise : “Je ne m’attendais pas à de telles réactions de la part de l’Eglise quand j’ai écrit cette nouvelle. Que l’on puisse mal interpréter cette nouvelle sur l’une des personnes les plus tolérantes qui aient jamais marché sur la terre, est un signe du poison qui envenime notre temps”.

Dans son intervention, l’évêque de Trivandrum, Mgr Pakiam, a déclaré “qu’un moyen facile de devenir populaire et célèbre” était de heurter les sentiments d’une partie de la population. Il blâme aussi l’hebdomadaire Mathrubhumi, qui appartient à un groupe de presse hindou, pour avoir accepté de publier “la création absurde” d’un esprit “perversDe son côté, Mgr Cyril Mar Baselios, archevêque de rite malankara de Trivandrum, a affirmé que Mgr Pakiam s’était exprimé au nom de tous les catholiques du Kerala et que “des commentaires supplémentaires ne serviraient qu’à donner de la publicité à l’écrivain

Les autres évêques du Kerala n’ont pas voulu intervenir dans l’affaire, probablement parce que l’Eglise catholique du Kerala a été accusée dans le passé d’interférence dans le domaine artistique. En 1988, les protestations de l’Eglise avaient provoqué l’interdiction d’une pièce de théâtre inspirée de “La dernière tentation du Christ”. Dans l’Etat du Kerala, les chrétiens forment environ 20% de la population et exercent une influence culturelle et politique considérable.

Paul Zacharia, connu comme un écrivain d’avant-garde de la littérature moderne en malayalam, prétend que sa nouvelle décrit Jésus comme un personnage profondément humain et ne cherche pas à dénigrer le christianisme. L’histoire s’appesantit sur le dilemme intérieur de Jésus au moment d’accepter la mission divine qui est la sienne. Ce dilemme est symboliquement illustré par la question de savoir si Jésus va se faire couper la barbe ou non. Le barbier lui demande finalement de se regarder dans un miroir et de prendre sa décision. Ce miroir lui a été donné par la femme d’un militaire romain qui s’en est servi pour se raser le pubis.

Zacharia a déclaré à la presse qu’après la publication de sa nouvelle, il a reçu de nombreuses menaces de mort ainsi que “des appels téléphoniques anonymes obscènes

Professeur de littérature et critique littéraire, George Onakoor affirme, lui, que la nouvelle de Zacharia “est une oeuvre littéraire de peu de valeur” et que l’auteur n’a pas su “donner une interprétation cohérente de la vie de Jésus et du christianisme