Eglises d'Asie

La renaissance des Amantes de la croix du diocèse de Thanh Hoa

Publié le 18/03/2010




C’est tout récemment que la congrégation diocésaine des soeurs amantes de la croix de Thanh Hoa s’est relevée du déclin où l’avaient entraînée les tribulations de la guerre. “Il y a vingt ou trente ans, confie la supérieure, alors que nos dernières soeurs étaient dispersées et qu’une partie de notre maison-mère avait été détruite par les bombardements américains, jamais nous n’aurions seulement rêvé qu’un jour, notre congrégation puisse renaître”. L’arrivée d’un nouvel évêque dans le diocèse, Mgr Nguyên Son Lâm, la nouvelle politique adoptée par les autorités régionales en matière scolaire, l’autorisation qu’elles ont donnée aux congrégations de recruter de nouveaux membres sont quelques-uns des facteurs qui ont favorisé le nouveau départ des amantes de la croix de Thanh Hoa.

Avant les accords de Genève de 1954, la congrégation avait dix communautés dans le diocèse. Cependant durant la guerre d’indépendance anti-française, cinq avaient disparu dans la tourmente. Lors du grand exode des catholiques du nord vers le sud en 1954, environ 120 religieuses quittèrent le diocèse. En 1958, il ne restait plus que 60 religieuses divisées en cinq communautés qui furent réduites à quatre en 1967.

La situation a complètement changé aujourd’hui. En dehors de la maison-mère, il existe quatre autres communautés implantées dans diverses paroisses du diocèse. L’effectif des communautés s’est gonflé et a considérablement rajeuni, même si les 82 religieuses professes ont pour la plupart passé la cinquantaine. Les jeunes, en effet, sont nombreuses: 32 postulantes et novices et plus d’une centaine de “candidates”. Ces dernières, originaires de toutes les paroisses du diocèse, habitent à la maison-mère dans des locaux séparés. Elles ont pour particularité d’être très jeunes, entre treize et dix-huit ans. Elles poursuivent leur formation scolaire en premier ou en second cycle de l’enseignement secondaire. Au couvent, elles reçoivent un enseignement supplémentaire dans le domaine de l’instruction religieuse et de la culture général. Pour subvenir aux frais de cette éducation, les parents sont mis à contribution et doivent s’acquitter d’une somme annuelle de 1,2 millions de dôngs (103 dollars) pour assurer la pension de leurs filles. Certains ont même recours à l’emprunt tant ils sont désireux d’assurer à leur fille une éducation exceptionnelle dont elle bénéficiera même si elle ne devient pas religieuse. Cette année, 34 de ces candidates terminent leur deuxième année de formation et se préparent à entamer leur formation de postulante qui, elle aussi, durera deux années.

Actuellement, c’est surtout le corps enseignant qui fait défaut à la congrégation. Les lieux de formation théologiques sont extrêmement rares au Vietnam. Parmi les formatrices d’aujourd’hui, une seule a pu suivre les deux ans du cycle de formation théologique pour religieuses à Ho Chi Minh-Ville. Cependant, dans une perspective d’avenir, la congrégation a fortement investi dans la formation. Dix membres de la congrégation poursuivent aujourd’hui des études qui leur permettront de devenir médecins, assistantes médicales, infirmières, jardinières d’enfants. Deux ont été choisies pour aller poursuivre des études en France.

Le travail aujourd’hui ne manque pas et les religieuses sont bien sorties de l’isolement dans lequel elles avaient été confinées durant plusieurs dizaines d’années. 150 enfants fréquentent la maternelle et le jardin d’enfants, établis dans la maison-mère. 20 seulement proviennent de familles catholiques qui, selon la directrice, sont généralement trop pauvres pour payer la cotisation exigée. Ailleurs, dans une paroisse, les religieuses dispensent des cours de rattrapage pour des enfants hors du circuit scolaire. Cependant, c’est surtout le travail pastoral qui occupe les amantes de la croix. Les plus jeunes d’entre elles sont engagées aujourd’hui dans 16 paroisses du diocèse, conformément à la tradition de la famille des amantes de la croix, qui furent fondées au Vietnam, il y a plus de trois siècles (1670), par Mgr Lambert de la Motte.