Eglises d'Asie

Bombay : Les femmes chrétiennes accueillent avec intérêt une décision de la Cour suprême concernant les raisons admises pour le divorce

Publié le 18/03/2010




Des groupes de promotion de la femme ont accueilli avec intérêt une décision de justice de la Haute Cour de Bombay, jugeant recevable la demande de divorce d’une femme chrétienne. Dans son jugement, la cour a accepté en effet de dire que le divorce pouvait être accordé à une femme pour plusieurs motifs autres que la cruauté de la part du mari et de l’entourage. La décision pourrait faire jurisprudence. “Humainement parlant, cette décision sera un soulagement pour toutes les femmes obligées de vivre dans la violencereconnaît Virginia Saldana, secrétaire générale de l’Archidiocèse de Bombay.

Selon la loi sur le divorce des chrétiens indiens, en vigueur depuis 1869, un homme obtenait le divorce s’il pouvait prouver l’adultère de sa femme, mais une femme, pour mettre fin légalement à son mariage, devait prouver, en plus de l’adultère, la cruauté et l’abandon du domicile conjugal. Depuis 1961, plusieurs rapports de la commission des lois avaient demandé un amendement à la loi, arguant que l’adultère et la cruauté étaient difficiles à prouver devant un tribunal.

Depuis plusieurs années également, des femmes et des groupements chrétiens demandaient que la loi personnelle qui s’applique aux chrétiens sauvegarde l’égalité des sexes, dans la ligne même de la Constitution indienne. En 1994, plusieurs Eglises avaient présenté au gouvernement l’avant-projet d’une éventuelle nouvelle législation applicable aux chrétiens, mais il fallait attendre l’approbation du parlement.

Le 7 mai dernier, la Cour Suprême de Bombay, composée de trois juges, déclarait que l’adultère, la cruauté et l’abandon sont des motifs à prendre séparément pour mettre fin à une union. La Cour répondait ainsi à la revendication de “Majlis“, une organisation non gouvernementale qui présentait le cas de trois femmes abandonnées par leur mari. Ces femmes affirmaient que, depuis que la Constitution indienne soutenait le droit individuel à la vie, une femme même chrétienne ne pouvait être obligée à vivre un mariage qu’elle ne souhaitait pas.

Flavia Agnes, avocate et militante du groupe “Majlis“, décrit cette décision comme “faisant dateet plaint toutes ces femmes chrétiennes “victimes de la violence maritale, pour lesquelles la loi n’était d’aucun secoursI.P. Bagaria, juriste qui a beaucoup lutté pour la cause des femmes, fait aussi l’éloge de la décision de la Cour et fait remarquer qu’en forçant une femme chrétienne à endurer un mariage qui viole sa liberté, la loi viole “son droit de vivre dans la dignité

De son côté, Jimmy Martin, porte-parole de l’Archidiocèse catholique de Bombay, a exprimé des réserves et sa crainte de voir la loi conduire à une augmentation du nombre des divorces chez les catholiques. Il ajoute que le diocèse n’était pas impliqué dans le cas de divorce jugé, mais que ce jugement affectera toutes les femmes chrétiennes.

L’Archidiocèse de Bombay a vu quintupler le nombre des annulations de mariage au cours de la dernière décade, mais bon nombre des bénéficiaires de ces annulations n’ont pu obtenir un divorce légal au tribunal civil. La Cour Suprême indienne en octobre 1996 avait décidé en effet, que les mariages annulés par les tribunaux ecclésiastiques ne pouvaient engager les tribunaux civils “de même que les tribunaux ecclésiastiques ne pouvaient exercer un pouvoir parallèle à celui de la Cour