Eglises d'Asie

Dans une intervention à l’Assemblée nationale, le P. Pham Khac Tu critique l’application régionale des directives gouvernementale en matière religieuse

Publié le 18/03/2010




Au cours de la 11e session de l’Assemblée nationale ouverte le 7 avril dernier, le P. Phan Khac Tu, député de Hô Chi Minh-Ville, est intervenu sur le thème des libertés civiques. Le discours qui a été publié dans sa totalité, par l’hebdomadaire “Catholicisme et Nation” (7) consacre toute sa dernière partie aux applications de la politique de liberté de croyance. Le prêtre juge sévèrement la façon dont certaines autorités régionales mettent en oeuvre la doctrine officielle sur ce sujet, contenue dans le décret 69 CP (sic) (8). “Son application, dit-il, dépend de la façon dont elle est comprise par les divers services, les autorités régionales, les divers cadres spécialisésDepuis l’unification du Vietnam, il y a vingt ans, aucune uniformité ne règne à travers le pays dans la façon de traiter les questions religieuses.

Le prêtre choisit son premier exemple dans les multiples obstacles rencontrés par le recrutement des religieuses. Lorsque les jeunes filles arrivent des campagnes dans les maisons religieuses des villes pour étudier et se former à la vie religieuse, il ne leur est pas accordé de permis de résidence, pas même provisoire. Les couvents sont alors obligés d’envoyer ces jeunes soeurs dans des maisons de pieux laïcs. Rattachées à diverses congrégations, il existe de plus en plus de religieuses clandestines. Par suite, les contrôles d’identité de nuit se sont multipliés dans les couvents. Parallèlement aux difficultés rencontrées par les jeunes filles entrant dans une maison religieuse pour la première fois, des obstacles nombreux se dressent devant les religieux devant changer de résidence temporairement ou définitivement, en fonction de nouvelles nominations ou de nouvelles charges exercées.

Le P. Pham Khac Tu remarque que le dialogue entre les dirigeants religieux et les autorités civiles est à peu près inexistant. Selon le prêtre, la faute en incombe aux cadres, dont “certains donnent l’impression que l’Etat veut limiter l’exercice de la liberté religieuse”. Cette situation force les milieux religieux à un certain nombre de comportements détestables. Ainsi, on est obligé de mentir ou quelquefois de corrompre les autorités pour qu’elles détournent leur attention et permettent ainsi de nouvelles ordinations ou nominations à l’intérieur de l’Eglise.

Le père Phan Khac Tu revient ensuite sur un vieux projet plusieurs fois présenté sans succès à l’Assemblée nationale depuis qu’il est député : l’adoption d’un code législatif concernant les activités religieuses (9). Il a affirmé que le Parti communiste n’y perdrait rien, au contraire, plus les croyant verraient leurs droits assurés, plus ils s’engageraient au service de la société et de la justice sociale. Tout en donnant aux adeptes des vraies religion, la liberté de participer au culte et de mettre en pratique leurs croyances, le code devrait aussi s’opposer à ceux qui utilisent la religion à des fins réactionnaires, pour s’opposer au peuple et au régime. Il devrait aussi s’opposer aux formes fanatiques et déviantes de la religion. A ce propos, le P. Phan Khac Tu, a alerté l’Assemblée sur le danger représenté par un certain nombre de sectes religieuses extrémistes qui viennent de s’introduire au Vietnam. Il a souhaité que la population vietnamienne en soit protégée, mais que les religions aux nobles idéaux soient autorisées à exercer leurs activités dans le cadre de la loi.