Eglises d'Asie

La dernière semaine de campagne électorale a été marquée par des violences sans précédent dont les chrétiens ont été victimes une fois encore

Publié le 18/03/2010




Une demi-douzaine de villes de Kalimantan (Bornéo) et de Java ont été frappées par de très violentes émeutes au cours des derniers jours de la campagne électorale qui s’est terminée le 29 mai 1997. 133 personnes ont trouvé la mort à la suite d’un incendie provoqué par les émeutiers, le 23 mai 1997, dans un centre commercial de Banjarmasin, à Kalimantan. Partout, des églises et des écoles catholiques et protestants ont été ravagées par les manifestants.

A Banjarmasin, le 23 mai, l’émeute a été provoquée par les partisans du parti au pouvoir, Golkar, qui ont commencé leur réunion publique avant que les prières du vendredi ne soient terminées à la mosquée. Des milliers d’émeutiers portant des T-shirts du Parti musulman de développement, l’un des deux partis d’opposition acceptés par le gouvernement, se sont alors répandu à travers la ville. Ils ont attaqué des bureaux de l’administration, des centres commerciaux, des quartiers résidentiels, des hôtels et des banques. Ils ont aussi incendié deux églises catholiques, dont la cathédrale dédiée à la Sainte Famille, quatre églises protestantes, un temple bouddhiste, quatre écoles dont trois protestantes et une catholique, ainsi qu’une maison catholique pour personnes âgées. A trois reprises, ils ont aussi essayé d’incendier le centre diocésain catholique qui se trouve près de la cathédrale. 133 corps calcinés ont été retrouvés au troisième étage d’un centre commercial incendié. La police a affirmé qu’il s’agissait, pour la plupart, de pillards qui suivaient les émeutiers.

A Java, des événements similaires se sont produits dans les villes de Bangil, Tangerang, Ciputat et Kebayoran Lama : des centres commerciaux, des bureaux de l’administration, un presbytère catholique et deux églises protestantes ont été pillés et incendiés. Dans la plupart des cas, ce sont les militants du Parti musulman de développement qui ont été mis en cause, après des provocations provenant des partisans du Golkar.

Les autorités gouvernementales et les chefs du parti musulman de développement se sont mis cependant d’accord pour accuser les militants étudiants du Parti démocratique populaire d’être à l’origine des troubles. L’accusation ne semble pas crédible dans la mesure où ce groupuscule étudiant n’a jamais eu l’importance que les autorités lui accordent : tous ses dirigeants sont en prison depuis presque un an, à la suite des émeutes de juillet 1996 à Jakarta.

Selon beaucoup d’observateurs, ces élections législatives auront été les plus manipulées de l’histoire du régime puisque le principal parti d’opposition, le PDI (Parti démocrate indonésien) dans lequel se reconnaissaient beaucoup de chrétiens et de musulmans libéraux, a été privé de ses principaux dirigeants par des manoeuvres orchestrées par le pouvoir (3). Megawati Sukarnoputri, l’ancienne présidente du PDI, ne peut pas se présenter aux élections. Elle a appelé ses partisans à “voter ou à ne pas voter” selon leur conscience. Son message, dans ce domaine, n’est pas très différent de celui de la lettre pastorale de carême des évêques catholiques (4).