Eglises d'Asie – Japon
Les descendants des chrétiens “cachés” acceptent, pour la première fois, de révéler les prières qu’ils récitent en secret depuis trois siècles
Publié le 18/03/2010
En 1614, le shôgun Tokugawa Ieyasu faisait publier un édit interdisant la religion chrétienne au Japon et ordonnait l’expulsion de tous les missionnaires et la destruction de toutes les églises de Nagasaki, soit douze églises qui rassemblaient 400 000 chrétiens. L’interdiction dura 240 ans, jusqu’à l’arrivée du Commodore américain Perry, en 1853, qui, appuyé par quelques navires de guerre, parvint enfin à convaincre le Japon d’ouvrir ses portes aux étrangers.
Une décennie plus tard, en 1865, un missionnaire français, le P. Petitjean des Missions Etrangères de Paris, découvrait un groupe de chrétiens qui, en cachette et dans la fidélité, continuaient de prier et de vivre leur foi chrétienne. 15 000 chrétiens “cachés” furent recensés dans la seule île du Kyûshû.
Ces prières transmises oralement de génération en génération leur permirent certes, de garder une foi étonnamment vivante mais les missionnaires y découvrirent très vite des erreurs théologiques et des imprécisions qui demandaient d’être corrigées. Des prières traduites et adaptées en japonais leur furent très vite proposées pour remplacer les prières devenues pour une bonne part incompréhensibles. Mais, comme souvent, quelques communautés plus isolées que d’autres, n’acceptèrent pas ces nouveautés et restèrent attachées aux formules ancestrales qu’elles continuent pieusement de réciter encore aujourd’hui, sans les comprendre. La Constitution de Meiji proclama la liberté religieuse en 1889.