Eglises d'Asie

Mindanao : enlèvements et terrorisme mettent en péril la paix et le développement dans le centre de l’île

Publié le 18/03/2010




Au cours d’un entretien entre membres du clergé et représentants du monde des affaires dans la région de Cotabato, les participants sont tombés d’accord pour déclarer que la criminalité de la région conjuguée aux tergiversations du gouvernement mettaient en péril la paix et le développement dans le Mindanao central.

Les crimes commis sont nombreux et variés. Au moins 38 personnes ont été enlevées cette année dans la région de Cotabato. Presque toutes sont des hommes d’affaires d’ethnie chinoise. M. Sebastian Agliongto, président de la Chambre de commerce des Philippines et vice-président de l’industrie pour Mindanao, a révélé qu’il avait été obligé d’annuler une réunion de présidents de chambre de commerce, prévue pour le mois de juillet, en raison de l’impossibilité actuelle d’assurer la sécurité des participants. L’insécurité est telle que le 18 mai dernier, près de 7 000 personne ont participé à l’enterrement d’une personne tuée par les auteurs de son enlèvement. Elles protestaient ainsi contre la vague d’enlèvements qui sévit dans la région.

Le P. Jose Colin Bagaforo, président du clergé diocésain de Mindanao, qui commentait cette situation, a souligné que ces enlèvements ne relèvent pas de la simple criminalité mais sont un élément d’une campagne terroriste visant à ruiner la paix et le développement de la région. Il a ajouté que depuis l’arrivée d’une garnison dans la ville de Cotabato, les auteurs d’enlèvements opèrent désormais dans la province de Sultan Kudarat.

Un grave incident, l’incendie qui a ravagé le “New Imperial Hotel” le 26 avril dernier, est aussi attribué aux terroristes par l’opinion publique. Pour le moment, les enquêteurs n’ont pas acquis de certitude sur l’identité des incendiaires, mais beaucoup pensent, comme le président de l’université Notre-Dame, que l’incendie a pour but de mettre en difficulté le Front Moro de libération nationale (FMLN) et son président, Nur Misuari qui au mois de septembre dernier a signé un accord de paix avec le gouvernement, mettant un terme à une guerre qui avait duré 25 ans. Un membre du FMLN a rapporté, en effet, que le jour de l’incendie, la majorité des clients de l’hôtel appartenaient au FMLN.

Selon le P. Eliseo Mercado, qui est membre de l’Assemblée consultative du Conseil du Sud des Philippines pour la paix et le développement, la clé du processus de paix est entre les mains du gouvernement. Celui-ci a fait beaucoup de belles promesses mais jusqu’à présent, dans le budget national, rien n’est prévu pour le financement du Conseil pour la paix et le développement. Il a ajouté que la réintégration des anciens combattants du Front au sein des forces nationales risque aussi de coûter très cher. Des 70 000 anciens combattant qui doivent être intégrés, pour le moment, seuls 7 000 ont rejoint l’armée, ce qui commence à susciter de l’impatience parmi les jeunes combattants du Front et risque d’en précipiter certains dans les groupes extrémistes qui continuent la lutte contre le gouvernement.