Eglises d'Asie

Kerala : les divisions de l’Eglise catholique de rite syro-malabar apparaissent sur la place publique après une protestation de prêtres

Publié le 18/03/2010




Les divisions qui affectent depuis longtemps l’Eglise catholique de rite syro-malabar (4) menacent de se muer en révolte ouverte depuis la protestation publique d’un groupe de prêtres contre ce qu’ils appellent la “chaldéanisation” de leur Eglise. Le 16 juin 1997, quelque 200 ecclésiastiques ont bloqué un immeuble de Cochin, dans l’Etat du Kerala, où étaient réunis en synode les 22 évêques de l’Eglise. Ils ont annoncé qu’ils désobéiraient aux décisions du synode si celles-ci allaient “contre leur conscience

Le synode de l’Eglise syro-malabar s’est réuni du 9 au 21 juin 1997 pour discuter des questions liturgiques et administratives qui divisent ses trois millions de fidèles depuis plus d’une décennie. Les prêtres protestataires ont déclaré avoir été forcés de bloquer l’immeuble où se trouvaient les évêques parce que ceux-ci “avaient refusé de les recevoirIls ont ensuite soumis aux évêques un mémorandum leur demandant de s’abstenir de toute décision prise sans consultation.

Une partie de l’Eglise veut restaurer un certain nombre de traditions syro-malabar, dont la liturgie chaldéenne, et l’autre préfère que des réformes soient conduites dans un esprit moderne. En 1992, le pape Jean-Paul II était intervenu dans le conflit en décidant que les questions liturgiques comme la nomination et le transfert des évêques seraient dorénavant de la compétence du Vatican. En dépit de cela, la dispute n’a fait que s’aggraver entre “modernistes” regroupés autour du diocèse d’Ernakulam et “traditionnalistes” autour du diocèse de Changanacherry. L’archevêque de Changanacherry, Mgr Joseph Powathil, est régulièrement accusé d’être le meneur des “traditionnalistes”, et de manipuler les nominations d’évêques avec l’aide de la congrégation romaine pour les Eglises orientales.

Les prêtres “anti-chaldéens” qui manifestaient au synode ont déclaré être déterminés à “résister de toutes leurs forces et, si d’autres moyens n’étaient pas disponibles, à désobéir aux décisions qui leur seraient imposées d’en hautLes prêtres en colère n’ont accepté de se disperser qu’après l’intervention de l’administrateur apostolique d’Ernakulam, Mgr Varkey Vithayathil.

Le vicaire général d’Ernakulam, le P. Thomas Chakyath, a jugé l’incident “très malheureuxIl a estimé que les prêtres auraient pu présenter leur mémorandum de manière plus digne et “plus conforme à ce que l’on attend de prêtresDe son côté, le chancelier de l’archevêché de Changanacherry, s’est montré plus virulent et a déclaré que les prêtres avaient agi comme “des politiciens de troisième ordreLe 10 juin, le synode des évêques avait déjà dû faire face à une autre manifestation, conduite par des laïcs cette fois, protestant elle aussi contre la “chaldéanisation” de l’Eglise. L’Eglise catholique syro-malabar compte 3 100 000 fidèles dans 22 diocèses à travers toute l’Inde. Douze de ces diocèses se trouvent au Kerala.