Eglises d'Asie – Inde
Le 500ème anniversaire de l’arrivée en Inde de Vasco de Gama provoque des controverses mais le diocèse de Cochin entend bien célébrer l’événement
Publié le 18/03/2010
Vasco de Gama, marin portugais, toucha les côtes du sud de l’Inde le 20 mai 1498, ouvrant ainsi une nouvelle voie maritime au commerce et aux missions chrétiennes entre l’Europe et l’Inde. Mais un certain nombre d’hindous et de musulmans soutiennent que cette arrivée ne fut que « le début d’une ère d’exploitation et de cruauté
Le gouvernement indien a abandonné ses projets d’anniversaire après que le Conseil mondial hindou (Vishwa Hindu Parishad) eut déclaré qu’il s’agissait en fait de « célébrer le colonialisme, les conversions obligatoires au christianisme et l’asservissement de la mère-patrie
Mgr. Kurrethara, de son côté, qualifie d’absurde cette volonté « de plaquer des sentiments patriotiques nationaux sur un événement vieux de 500 ansLes protestataires ont formé quant à eux, un comité d’action et organisé des campagnes contre « cette célébration colonialiste« . Ils ont aussi détruit l’effigie de Vasco de Gama et organisé de bruyantes manifestations contre « la répression et les conversions abusivesUn drapeau noir flotte sur le village de Kappad, dans l’Etat du Kerala, où Vasco de Gama débarqua avec ses 171 hommes. Un certain nombre de groupes musulmans se sont eux aussi opposés à cette célébration, qualifiant les Portugais d’envahisseurs qui ont introduit « leur culture et leur religion par la violence
L’évêque de Cochin n’hésite pas pourtant à faire l’éloge de l’action du Portugal en Inde, louant en particulier les missionnaires pour avoir créé une première imprimerie à Goa (1556) suivie d’une autre à Cochin (1557). Ces établissements ont permis par la suite d’imprimer dans toutes les langues de l’Inde. Il ajoute : « A l’époque où l’éducation était interdite aux basses castes, ce sont les Portugais qui ont introduit l’éducation pour tous. C’est tout cela que nous voulons célébrer et non le colonialismePar ailleurs, l’évêque de Cochin estime devoir regretter « l’indifférence » des responsables catholiques à l’égard des Portugais envers qui l’Eglise a une dette éternelle : « Sans eux, l’Eglise catholique en Inde n’existerait pas
Dans le même temps, il nie les prétendues conversions forcées, opérées par les Portugais, et juge que « les pauvres et les déshérités des basses classes ont trouvé leur libération dans le christianismeLui-même, comme les autres historiens, constate cependant que les rencontres des Portugais et des musulmans n’ont été qu’une suite d’escarmouches pour le monopole du commerce des épices. De son côté, l’historien indien Sanjay Subrahmannyan dit qu’il trouve « bizarre » l’argumentation des hindous et dit qu’ils partagent avec les Portugais la volonté de bâtir une alliance anti-islamique. « Il nous faut conserver la mémoire des événements de notre histoire parce que les oublier pourrait nous coûter cher » prévient cet historien.