Eglises d'Asie – Indonésie
Le ministre des Affaires religieuses a déclenché une tempête de critiques en suggérant que la loi islamique permet la peine de mort pour les émeutiers
Publié le 18/03/2010
Taher se référait aux émeutes qui ont frappé plusieurs villes de Java après les élections du 29 mai dernier. A Bangkalam, sur l’île de Madura, les émeutiers avaient saccagé des bureaux du gouvernement, des commerces appartenant à des Chinois, des églises et des mosquées. A Jember, les émeutiers s’en étaient pris aussi à des bureaux de l’administration et des commerces, mais avaient été empêchés de s’approcher des églises et autres bâtiments religieux.
Selon Taher, la situation sociale actuelle rappelle la subversion communiste en 1948 et en 1965, quand des chefs religieux furent arrêtés, torturés et tués. Il estime que ce sont les enfants et les petits enfants des communistes de l’époque qui sont à l’origine des troubles d’aujourd’hui. Il cite comme exemple les militants étudiants du Partai Rakyat Demokratik (PRD) qui « essaient de mettre l’Indonésie sous leur coupe
Beaucoup de militants musulmans des organisations non gouvernementales de Jakarta et de Yogyakarta ont déclaré être scandalisés par les propos du ministre qu’ils jugent « irresponsablesNoer Iskandar Al-Barsany, dirigeant du Nahdlatul Ulama, l’organisation musulmane de masse la plus importante d’Indonésie, a déploré les affirmations de Taher en estimant qu’elles ne pouvaient que provoquer davantage d’émeutes. D’autres personnalités du Muhammadiyah, organisation rivale du Nahdlatul Ulama, ont accusé Taher d’interpréter la loi islamique de manière erronée.
De son côté, Hendardi, directeur de l’Association d’aide légale, a estimé qu’au-delà des problèmes d’interprétation, la référence même de Taher à la loi islamique n’est pas appropriée, puisque la constitution indonésienne n’est pas fondée sur la loi islamique. Il ajoute : « Même si la loi islamique était imposée en Indonésie, il faudrait prouver devant un tribunal islamique qu’un émeutier mérite la peine de mort. Dans le contexte indonésien où les lois religieuses n’ont pas cours, l’affirmation de Taher apparaît pour le moins autoritaireEn ce qui concerne les accusations portées par le ministre contre le PRD, Hendardi observe que « ses militants n’ont pas été condamnés par les tribunaux comme communistes et les remarques du ministre peuvent être considérées comme diffamatoires
Des groupements d’étudiants musulmans de Jakarta et de Yokyakarta ont demandé au ministre de s’excuser publiquement et de démissionner.