Eglises d'Asie

Le nombre de séropositifs au Vietnam est revu en hausse

Publié le 18/03/2010




Les anciennes estimations officielles concernant l’étendue de l’épidémie du sida au Vietnam viennent d’être très sérieusement mises en cause par les révélations de Rima Salah, représentante de l’Unicef à Hanoi. S’appuyant sur des statistiques non officielles provenant du ministère de la Santé vietnamien, elle a affirmé qu’il existe 84 195 séropositifs au Vietnam. Ce nouveau chiffre est plus de 12 fois supérieur à celui qui est donné d’habitude dans les statistiques gouvernementales. Quelques jours auparavant, le 28 juin, un recensement officiel publié par le “Saigon Times Daily”, quotidien de langue anglaise, ne faisait état que de 6 229 personnes infectées par le virus du sida et de 860 ayant contracté la maladie à cette date. Selon les déclarations de Rima Salah, le nombre de séropositifs au Vietnam en l’an 2 000 devrait se situer autour de 263 000 personnes.

La représentante de l’Unicef a aussi attiré l’attention des responsables sur la progression de plus en plus rapide de l’épidémie dans les milieux des enfants de la rue qu’elle a estimé aux alentours de 50 000. 20 000 d’entre eux se prostitueraient. Le nombre de drogués parmi eux reste encore inconnu. Rima Salah a révélé que 270 enfants dont l’âge se situe entre 13 et 19 ans ont été testés positifs, chiffre, a-t-elle dit, bien au-dessous de la réalité.

Depuis longtemps déjà, même les hauts responsables vietnamiens laissaient entendre que les cas de séropositivité recensés n’étaient en fait que la partie émergée de l’iceberg. C’est la première fois qu’un chiffre précis est donné. Cet écart entre les chiffres officiels et non officiels peut être attribué à l’insuffisance du dispositif de contrôle et de tests effectués sur la population par les services de santé vietnamiens. Par ailleurs, durant les premières années de sa campagne contre la progression de cette épidémie, de 1990 à 1993, le gouvernement a concentré ses efforts sur les milieux de la prostitution et de la drogue, davantage susceptibles d’être atteints que les autres. Cependant, en traitant ces deux groupes de personnes comme des criminels, le gouvernement les a repoussés dans la marginalité et détournés des services sociaux chargés de s’occuper d’eux. En liant ainsi l’épidémie du sida à un comportement criminel, les autorités se sont cru dispensés de prendre les véritables mesures de prévention qui s’imposaient, a ajouté un autre fonctionnaire des Nations Unies, responsable de la lutte contre le sida, Giuseppe Comboni.

C’est en janvier 1991, époque où le premier cas de séropositivité au Vietnam fut relevé à Hô Chi Minh-Ville, que furent publiés les premiers rapports officiels sur le sida (14). Depuis cette époque, des chiffres ont été régulièrement communiqués au public par l’intermédiaire de la Commission de lutte contre le sida. Selon les rapports officiels, au mois d’octobre 1993, les cas de contamination par le virus du sida recensés dépassaient déjà le chiffre de mille. Plus d’un an après, au mois de novembre 1994, le Comité de lutte contre le sida annonçait 1 982 personnes séropositives, parmi lesquels 128 atteintes du sida. Il y avait eu, à cette époque, 48 décès du fait de cette maladie. Au 24 août 1996, selon les rapports officiels, plus de 4 200 cas de séropositivité avaient été enregistrés sur tout le territoire dans 40 villes et provinces du pays. Parmi les personnes contaminées, 354 ont contracté la maladie et 184 étaient mortes. Au mois de juin 1997, les communiqués du Comité mentionnaient 2 000 séropositifs de plus.

Jusqu’à présent, semble-t-il, les autorités n’ont livré aucun commentaire sur l’écart existant entre les chiffres issus du ministère de la Santé, récemment communiqués au public par les fonctionnaires des Nations Unies et ceux qui sont régulièrement publiés dans la presse officielle.