Eglises d'Asie

Les évêques critiquent le projet de réforme constitutionnelle et appellent à davantage de démocratie

Publié le 18/03/2010




La réforme de la constitution proposée par plusieurs hommes politiques est devenue un instrument de lutte pour le pouvoir et elle est en train de porter préjudice à la démocratie, disent les évêques catholiques de l’île.

“La révision de la constitution est une affaire importante et non une opération que l’on peut mener à la va-vitea déclaré, le 4 juillet 1997, Mgr Paul Shan Kuo-shi, évêque de Kaohsiung et président de la conférence épiscopale. Il ajoute : “Le but ultime de la constitution est de protéger les droits, la liberté et la dignité du peuple, ainsi que de s’assurer qu’aucune personne individuelle ou aucun parti à lui tout seul ne puissent avoir un pouvoir excessif. Aucun système politique n’est parfait, mais quel que soit le système que nous suivons, les intérêts du peuple, ses droits et ses libertés doivent être pleinement pris en compte. Il faut qu’il y ait des mécanismes de contrôle qui fonctionnent bien

Soutenue par le Kuomintang (KMT), parti au pouvoir, et par le Parti progressiste démocrate (PPD), qui défend l’indépendance de l’île, la proposition d’amender la constitution a d’abord été évoquée à la première conférence nationale sur le développement, qui s’est tenue en décembre 1996. Les recommandations faites au cours de cette conférence prévoyaient entre autres choses de supprimer le gouvernement provincial de Taiwan (9), et de donner au président le pouvoir de dissoudre le parlement ainsi que de nommer un premier ministre sans le consentement des députés.

Le 5 juin 1997, la conférence épiscopale catholique avait publié un communiqué pour dire que la révision de la constitution ne pouvait se faire qu’après une prise en compte sérieuse des intérêts de la population et dans le respect de l’esprit de la démocratie. Le communiqué épiscopal ajoutait qu’une décision sur la structure gouvernementale ne pouvait en aucun cas être utilisée pour servir des intérêts privés ou partisans, ce qui équivaudrait à donner un pouvoir incontrôlable et excessif à un ou autre parti. Le texte épiscopal notait en outre que la constitution est le fondement de la nation et que sa révision exigerait beaucoup de prudence et un large débat populaire.

Le 7 juillet, Mgr Joseph Ti-Kang, archevêque de Taipei, a déclaré que, même si l’Eglise catholique de Taiwan s’abstient habituellement de faire des commentaires politiques, elle ne peut pas continuer à garder le silence sur cette question, car le KMT et le PPD sont de toute évidence en train de brader les intérêts du peuple à leur profit exclusif.

Le président, Lee Teng-hui, qui est aussi le patron du KMT, soutient la demande du PPD de supprimer le gouvernement provincial de Taiwan et, en échange, le PPD accepte que les pouvoirs présidentiels soient substantiellement augmentés. La suppression du gouvernement provincial de Taiwan serait, aux yeux de beaucoup, un pas important vers la reconnaissance de l’indépendance de l’île par rapport à la Chine.

Un certain nombre de sondages auprès des étudiants de l’île indiquent que très peu d’entre eux soutiennent le projet de réforme de la constitution.