Eglises d'Asie

“L’Observatoire international des prisons” enquête sur la situation pénitentiaire au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Pour la première fois, le rapport annuel publié par l’organisation lyonnaise “L’observatoire international des prisons” consacre une partie de son exposé à la description du système pénitencier et des conditions de détention au Vietnam.

Le rapport s’inquiète plus particulièrement de la multiplication des condamnations à mort encore en vigueur dans le pays. Cette peine n’est pas seulement destinée aux assassins, aux auteurs de viol et aux trafiquants de drogue, mais aussi aux coupables de crimes économiques. 113 peines de mort ont été prononcées en 1996 (12). Sont aussi dénoncés les mauvais traitements auxquels sont soumis les pensionnaires des prisons. La mise au cachot, l’usage des menottes et des fers aux pieds en guise de punition sont aujourd’hui systématisés. On utilise aussi le travail forcé comme un moyen de réduire la dissidence. L’auteur du rapport cite le cas d’un certain nombre de prisonniers malades, faibles ou très âgés, auxquels sont infligés des traitements très sévères, comme le vénérable Thich Hai Tang (dans le camp B.14), ou encore deux religieux catholiques, Trân Huu Duyen (81 ans) et Nguyên Châu (72 ans).

Se référant à des sources non officielles, le rapport donne un certain nombre d’indications sur le nombre, la situation géographique des lieux de détention et les conditions pénitentiaires qui leur sont propres. Camps de rééducation et prisons seraient, aujourd’hui, au nombre de 150. Chaque ville en fonction de son importance possède de un à quatre lieux de détention. Chaque province est dotée au minimum d’un centre de détention provisoire et d’une prison, sans compter les centres de rééducation destinés aux drogués, prostituées, y compris les “enfants de la rue”. Ces catégories de pensionnaires sont considérées comme des sortes de prisonniers. Les conditions de détention dans les divers types d’établissements sont très cruelles. Le rapport les énumère: nourriture insuffisante, proximité, absence de conditions hygiéniques élémentaires. Au camp B. 14 à l’ouest de Hanoi, les cellules sont sans fenêtres ni système d’aération. Il y règne une obscurité permanente ou bien au contraire une lumière éblouissante y reste allumée nuit et jour.

En dehors de l’enseignement obligatoire du marxisme-léninisme, les prisonniers ne peuvent suivre aucun enseignement professionnel. Ils n’ont pas davantage le droit d’étudier les langues vivantes ou de suivre des cours de culture générale. Toute pratique religieuse leur est interdite et considérée comme superstition. L’observatoire des prisons dénonce aussi les pratiques qui consistent à isoler les prisonniers et à les déplacer de camp en camp pour éviter que leurs familles, les organismes non gouvernementaux ou les représentations diplomatiques puissent prendre contact avec eux.

Le rapport souligne aussi le grand nombre d’arrestations ou de mises en détention illégales. Il cite le rapport d’une commission de l’Assemblée nationale signalant que de janvier à août 1996, pour une seule province, sur 1 158 arrestations, 497 avaient été opérées sans mandat ou contrairement à la loi. Par ailleurs le Code pénal vietnamien permet de prolonger sans fin la détention provisoire et donne la permission d’arrêter sans mandat, lorsqu’on estime qu’il y a urgence. Un passage du rapport est consacré aux prisonniers politiques dont le nombre est estimé à au moins 1 200. Un certain nombre de noms de prisonniers pour raisons religieuses et politiques a été relevé. Il est fait état d’une manifestation qui a eu lieu le 27 mai 1996 dans le camp Z304 à Xuân Lôc, au cours de laquelle les détenus politiques ont exigé que leurs conditions de détentions soient améliorées.