Eglises d'Asie

Madhya Pradesh : après des attentats perpétrés contre les aborigènes catholiques, les responsables de l’Eglise demandent l’aide internationale

Publié le 18/03/2010




Des attentats ont été récemment perpétrés contre 12 aborigènes catholiques et les responsables de l’Eglise de l’Inde centrale plaident pour qu’une pression internationale s’exerce en vue de les sauver. “Nous ne pensons pas que le gouvernement local puisse protéger la vie et les biens de notre peupledit sans ambages Mgr Patras Minj, l’évêque jésuite du diocèse de Ambikapur, après les dernières attaques du 16 juin 1997, sur une route nationale, qui font suite à toute une série d’incidents du même type. Les responsables diocésains affirment que des fonctionnaires des Eaux et forêts se sont joints aux attaquants. Six catholiques ont été grièvement blessés, et les médecins des services sanitaires du district ont refusé de les soigner sous prétexte que ce n’était plus l’heure des consultations.

Mgr Minj a déclaré à des journalistes que ce problème justifiait une pression internationale parce que “dans la police locale ou d’Etat, chez les fonctionnaires des Eaux et forêts du district ou du gouvernement, personne ne souhaite qu’une aide sociale ou quelques droits soient octroyés aux peuples aborigènes de la régionCette tactique de harassement, explique-t-il, a pour but d’effrayer les aborigènes et les éloigner du christianisme, “car tous les fonctionnaires ont compris que le travail d’évangélisation accompli auprès d’eux redonnait à ces peuples le courage de lutter pour leurs droits

Le dernier attentat a eu lieu alors que les victimes revenaient d’un rassemblement de cinq mille personnes dans le district de Surguja, dans l’Etat de Madya Pradesh. Les aborigènes “sont maintenant conscients de leurs droits grâce à leur formation chrétienneils se rencontrent régulièrement pour en discuter tous ensemble, explique le Père Xavier Ekka, secrétaire de l’enseignement et de l’éducation du diocèse de Ambikapur.

La création de la réserve naturelle de Semarsort, qui couvrira 43 000 hectares et déplacera quelque trente cinq mille personnes de 51 villages est considérée par les aborigènes comme un projet menaçant la vie tribale. Depuis que le projet a été annoncé en octobre 1996, les aborigènes ont organisé plus de 20 rassemblements de protestation parce que, affirment les missionnaires, ils voient bien que “ce projet n’est pas seulement destiné à conserver la faune et la floreIl y a 20 ans, il n’y avait que très peu d’opposition dans ces territoires, “mais les choses ont changé grâce à l’éducation et cela dérange les autoritésexplique le Père Ekka. Mgr Minj, de son côté, explique que ces attentats sont causés par la crainte de certains milieux de voir les aborigènes rejoindre les Eglises où ils savent recevoir une formation et d’autres facilités. La majorité hindoue risquerait ainsi de perdre sa suprématie dans la région. Selon l’évêque, cela explique la recrudescence des atrocités commises contre les chrétiens, et il exprime donc son espoir de voir la pression internationale s’exercer pour soutenir les droits des peuples aborigènes.

Il y a deux ans, dans un village du diocèse de Raigarh, un catholique avait été battu à mort et 15 maisons de chrétiens incendiées. Seules les deux maisons du village appartenant à des hindous avaient échappé au sinistre. La victime avait été assassinée parce qu’un petit garçon de 4 ans l’aurait vu détériorer le mur d’un temple hindou abandonné.

En janvier 1996, un jésuite missionnaire de 88 ans et une religieuse ursuline ont été condamnés à six mois d’emprisonnement pour n’avoir pas déclaré au gouvernement la conversion volontaire de 94 personnes. Ils ont été ensuite libérés sous caution après que l’Eglise eut fait appel auprès d’une plus haute juridiction.

Les missionnaires indiquent que des groupes pro-hindous ont pris la tête d’un mouvement de “reconversion” des chrétiens vers l’hindouisme. Ils se servent de la menace et de la pression sociale pour arriver à leurs fins. Ce mouvement est dirigé par Dilip Singh Judeo, un ancien élève du collège St. François Xavier de Ranchi, dans l’Etat de Bihar et membre du Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party). Une “cérémonie de purification”, organisée et dirigée par Judeo en février 1995 à Jabalpur au Madhya Pradesh, prétend avoir reconverti 2 500 personnes à l’hindouisme. Judeo et les siens ont fait campagne et organisé le mouvement pour “le retour à la maison” (ghar vapasi) à Raigarh et dans le diocèse de Ambikapur. Mgr. Minj explique que la concentration des aborigènes dans la région est une des raisons de leur vulnérabilité. Le district de Surguja, dans le diocèse de Ambikapur, compte plus de 2 millions d’habitants dont 65% appartiennent à des peuples aborigènes. Il précise que 98% de ses 57 000 diocésains sont membres de ces peuples, “mais notre programme de formation et de promotion sociale est destiné à tous et c’est cela qui semble faire problème“.