Eglises d'Asie

Mindanao : le Front moro de libération islamique décrète un cessez-le-feu indéfini, en réponse à une initiative pacifique de la partie adverse

Publié le 18/03/2010




Malgré quelques escarmouches, une armistice de fait semble avoir mis un terme, du moins provisoire, aux combats qui opposent les troupes gouvernementales philippines au Front moro de libération islamique, la branche séparatiste du Front moro. Une dernière initiative des rebelles musulmans vient de confirmer cet état de chose, le 11 juillet 1997. Par la voix de leur chef militaire, Mohammad Murad, ceux-ci viennent de proclamer un cessez-le-feu unilatéral et indéfini, en réponse à l’annonce d’une trêve de quatre jours par les forces gouvernementales. Le responsable militaire a déclaré avoir ordonné à ses troupes de rester sur leurs positions et de s’abstenir de toute attaque contre les détachements armés adverses. Ghazali Jaafar qui est chargé des négociations du côté du Front moro, a souligné que cette trêve ne serait pas remise en cause si les forces musulmanes n’étaient pas provoquées. Il a aussi annoncé qu’il rencontrerait Ruben Torres, membre de l’entourage immédiat du président Ramos, dans les prochains jours.

Cette initiative, la plus importante après les accords de paix conclus en septembre 96, entre le gouvernement et la branche principale du Front moro, se préparait depuis quelques jours. Le mardi, 8 juillet 1997, les troupes gouvernementales avaient déjà annoncé qu’elles interrompaient l’offensive menée par elles depuis plus de trois semaines contre le Front moro de libération islamique, soupçonné par les militaires d’être à l’origine d’une série d’enlèvements ayant eu lieu autour de Cotabato, au sud de l’île de Mindanao, au cours du mois dernier (8). Selon les déclarations du chef des forces armées philippines, le cessez-le-feu, déclaré unilatéralement, devait durer 48 heures et permettre une rencontre entre les musulmans dissidents et Misuari, chef de la branche principale du Front moro, rallié au gouvernement depuis le mois de septembre et actuel gouverneur de la région musulmane autonome. Ce dernier voulait persuader les dissidents d’entamer des négociations et semble aujourd’hui être arrivé à ses fins.

On a pu croire un moment, le 9 juillet, que ce climat favorable allait se détériorer. Ce jour-là, en effet, treize salves de mortiers provenant d’une position tenue par les rebelles sont tombées sur un camp militaire où étaient cantonnées les forces nationales qui ont répliqué par “un tir d’artillerie d’une égale intensité”.

L’armistice nouvellement acquis reste cependant encore bien fragile. Voilà déjà longtemps que divers projets de négociations entre les deux parties ne cessent d’être remis en cause par la reprise intermittente des hostilités. Sept rencontres ont eu lieu depuis le mois de janvier 1997 qui n’ont pas donné de résultats. Des entretiens préliminaires avaient été prévus le 29 juin dernier. Eux aussi avaient été repoussés à plus tard par le Front moro de libération islamique à la suite de la reprise des hostilités. Celles-ci ont duré deux semaines et se sont soldées par la chute du camp rebelle de Rajamuda, le 26 juin. Plus de 158 personnes, la plupart des guérilleros, sont tombées au cours des combats; 66 000 civils avaient dû fuir la zone des affrontements.

Malgré cela, dès le 1er juin suivant, le secrétaire à la Défense, Renato de Villa, invitait les musulmans rebelles à s’asseoir à nouveau à la table des négociations pour engager le processus de paix. Le 4 juin, le P. Eliseo Mercado, président de l’université Notre-Dame annonçait pour la semaine à venir des entretiens entre le gouvernement et les rebelles musulmans à l’intérieur des locaux de l’établissement qu’il dirige. Malheureusement, le dimanche suivant, 6 juin, Ghazali Jaafar, porte-parole du Front moro de libération islamique faisait savoir qu’il se refusait de se rendre à de quelconques négociations tant que se poursuivrait l’offensive gouvernementale contre ses troupes. Il exigeait également que l’armée se retire du camp de Rajamuda récemment enlevé aux forces rebelles. Le lendemain, la tension s’était élevée à nouveau avec les 17 obus de mortiers lancés par les rebelles contre leur ancien camp de formation désormais aux mains de leur ennemi, et les représailles de l’armée philippine qui avait lancé une attaque aérienne contre les musulmans rebelles. C’est le jour suivant que l’armée philippine prenait l’initiative du cessez-le-feu qui allait conduire à l’armistice actuel.